25 novembre 2016

Nocturnal Animals ***½

Une galeriste blasée (Amy Adams) met du piquant dans son existence en lisant le dernier manuscrit de son premier mari (Jake Gyllenhaal).

Réalisatrice : Tom Ford | Dans les salles du Québec le 25 novembre 2016. (Universal Pictures)

Le designer Tom Ford est certainement le plus romantique et mélancolique cinéaste américain en activité. Il y a sept ans, il avait marqué les esprits avec son sublime A Single Man et il ressort un nouveau lapin de son chapeau avec le presque aussi exquis Nocturnal Animals.
Inspiré du roman Tony and Susan d'Austin Wright, ce deuxième long métrage est empreint d'une amertume sans non et d'une fascination romanesque pour le passé. Qu'il se trouve dans le réel fade et superficiel de cette héroïne qui s'ennuie ou dans les écrits haletants et troublants de son ex-mari qui s'apparente à un véritable film noir, le scénario se plaît à réinventer les souvenirs et les moments fondamentaux de bonheur ou de tristesse. L'amour déchu est ici traité avec une violence insoutenable qui mène jusqu'à une quête de vengeance affolante. Malgré quelques trous dans le récit et des fils blancs commodes, l'intérêt demeure constant.
Le mérite revient d'abord à Ford qui signe une nouvelle réalisation étincelante. Bien qu'elle ne s'éloigne guère de l'exercice de style, sa maîtrise formelle en impose. Le montage organique souffle tout sur son passage et l'élégance de sa vision pas très éloignée du Fassbinder des beaux jours est un plaisir à voir et à entendre. Pendant que ses images magnifiques se mettent en branle, les puissantes mélodies orchestrales de son complice Abel Korzeniowski déferlent, rendant cette fois davantage hommage au travail de Philip Glass qu'au chef-d'oeuvre In the Mood for Love.
Les acteurs complètent la réussite de l'ouvrage. Amy Adams n'en finit plus de surprendre en campant un personnage qui possède encore plus de couches que dans Arrival. Pour sa part, Jake Gyllenhaal laisse encore parler son immense talent avec cet autre rôle torturé qui lui va comme un gant. Nous regretterons juste que le reste de la distribution secondaire - qui comprend Michael Shannon, Aaron Taylor-Johnson, Isla Fisher, Armie Hammer, Laura Linney et Michael Sheen - soit sous-utilisée.
Sans être réellement inédit, Nocturnal Animals prend le risque de déplaire en voyageant au bout de la nuit, explorant ces sentiments amoureux devenus ténébreux avec une grâce de vie mais également un frisson de mort. Le résultat de ce mélange constant de tons et d'ambiances est un cocktail corrosif qui sait prendre son temps avant de faire effet.
L'avis de la rédaction :

Martin Gignac: ***½
Jean-Marie Lanlo: ***½
OLivier Bouchard: ***½
Olivier Maltais: ***
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