13 décembre 2016

Centre Phi : Tower *½

(Réalisé par Keith Maitland | Au centre Phi le 14 décembre 2016)

Documentant l’un des massacres les plus notoires des États-Unis (en août 1966, un homme armé d’une carabine, campé dans la tour de l'horloge de l’Université du Texas, ouvre le feu sur les passants), Tower a le mérite bien triste d’être toujours d’actualité. Le réalisateur Keith Maitland ne cherche toutefois pas à porter un constat sur les implications politiques ou sociales de tels événements, mais plutôt à dresser le portrait élogieux des victimes et, il en fera la démonstration, des héros ordinaires qui étaient présents lors de la tragédie. Maitland a de bonnes intentions, mais ne sait pas où laisser son sujet parler et où il doit prendre le pas sur celui-ci.
Tower recrée les événements, presqu’en temps réel, à partir de l’animation. Déjà plutôt distrayante, celle-ci est ponctuée d’effets de style tapageurs qui ne servent qu’à rendre la reconstitution approximative. Le procédé esthétisant n’ajoute donc rien aux discours des différents intervenants. De plus, le résultat est assez rebutant dans son apparence, donnant l’impression que le réalisateur s’y est arrêté par parti pris et non par choix de mise en scène.
Si Maitland réussit son coup sur un point, c’est en ne donnant aucune parole au tireur. La personne est à peine évoquée et est, somme toute, écartée autant que possible du récit. Ce sont les victimes qui priment dans Tower et les actes de bravoure que certains poseront face au danger. Toutefois, le film se contente de relater leur point de vue du massacre et ne cherche jamais à aller plus loin. Le réalisateur s’efface complètement face à ses sujets et, du même coup, ne donne aucune voix personnelle à son film. Les tragédies comme celle du premier août 1966 méritent certainement que le cinéma s’y attarde, mais les traiter sans aucun point de vue, sans aucun propos, est non seulement un geste vide de sens, mais un acte qui semble presqu’irresponsable.
L'avis de la rédaction :

Olivier Bouchard: *½
Martin Gignac: ****
Miryam Charles: **
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