12 janvier 2018

Phantom Thread (Le fil caché) ***½

La vie de Reynolds Woodcock (Daniel Day-Lewis), couturier à succès dont l'activité occupe l'intégralité du temps et des pensées, est bouleversée lorsqu'il rencontre une jeune et élégante serveuse (Vicky Krieps), qui deviendra sa maîtresse et sa muse.

Réalisateur: Paul Thomas Anderson | Dans les salles du Québec le 12 janvier 2018

Après le très disjoncté Inherent Vice qui tentait de nous plonger dans l’univers de Thomas Pynchon, Paul Thomas Anderson part ici dans une tout autre direction: le Londres du milieu de la mode des années 50. Il s’acclimate d’ailleurs particulièrement bien à son décor, tout en fusionnant presque avec son personnage principal. L’un est couturier, l’autre est cinéaste, mais tous deux semblent fascinés par le travail bien fait et l’importance accordée au moindre détail. Comme son couturier de fiction, Paul Thomas Anderson pratique son art avec une précision presque obsessive: mise en scène millimétrée, direction photo et direction artistique irréprochables, scénario se déroulant avec une minutie implacable. Le tout fascine beaucoup mais agace aussi parfois en raison d’une utilisation de la musique moins subtile que le reste. Le film prend également le risque de devenir un film trop sage et peut-être un peu vain, jusqu’à ce que les personnages fassent voler en éclat les apparences et leurs fonctions respectives pour laisser apparaître leurs personnalités plus intimes. Leurs obsessions se font alors plus ambiguës, plus complexes, et les protagonistes finissent par semer le trouble dans la mécanique parfaitement huilée du film. L’air de rien, progressivement, ils se dévoilent et laissent ressortir du tréfonds d’eux-même des forces ou des failles qui font voler en éclat les fausses évidences. On peut regretter que Paul Thomas Anderson ne les suive pas et continue à imposer une telle maîtrise obsessive à sa forme qu’il fait parfois de l’ombre à ses personnages, et par ricochet, à son film lui-même. Cette radiographie d'un couple improbable n'en demeure pas moins de plus en plus fascinante.
L'avis de la rédaction :

Jean-Marie Lanlo: ***½
Martin Gignac: ****
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