15 mars 2019

★★★★ | Genèse

Réalisé par Philippe Lesage | Dans les salles du Québec le 15 mars 2019 (Funfilm Distribution)
D'emblée, Genèse ne fait rien pour se rendre sympathique: personnage principal masculin arrogant, cassant et antipathique (Théodore Pellerin, une fois de plus parfait); personnage principal féminin un peu bébête (Noée Abita, superbe révélation d'Ava, qui confirme son talent);  mise en scène à la fois un peu rigide et prétentieuse, etc. Heureusement, le film évolue progressivement. Plus le temps passe, plus les personnages nous dévoilent leur complexité, leurs failles, leurs fragilités. Jamais Lesage ne les étouffe sous un alibi narratif. Il préfère les filmer au jour le jour, aux prises avec des problèmes qui peuvent sembler anodins avant de s'imposer comme essentiels: tous les deux doivent faire face au passage à  l'âge adulte, et avec lui, à la découverte de l'amour… ou plutôt de la difficulté d'aimer. L'alternance de ces deux parties, a priori contradictoires mais finalement très proches, est une grande réussite. En plus des qualités déjà évoquées, soulignons l'importance des choix musicaux, qui aident l'ensemble à trouver sa cohérence, mais également les acteurs (tous aussi talentueux que les deux principaux rôles) qui parviennent sous l'oeil de Lesage (au scénario et à  l'écriture) à trouver une épaisseur et une vérité, même lorsqu'ils ne sont que secondaires… voir tertiaires.
La fin de ce dyptique pourrait être celle d'un film réussi, mais Lesage ajoute une troisième partie,  cette fois totalement indépendante, qui rend le film encore meilleur: plus libre, plus lumineuse, plus apaisée,  plus volontairement naïve, elle nous entraîne vers la même problématique, mais à un âge différent (les presque adultes laissent la place au début de l'adolescence).
Avec cette dernière partie qui vient boucler la boucle, il n’y a plus de doutes possibles: malgré  des allures de cinéaste parfois hautain, Lesage sait se montrer sensible et délicat.
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