Réalisation: Michael Yaroshevsky | Dans les salles du Québec le 30 août 2019 (Cinémathèque québécoise) |
La version nouvelle est un petit film étrange! Après son visionnement, on hésite un peu. Serait-ce un film ambitieux plutôt loupé, étouffé par quelques références trop lourdes et par sa propre ambition poético–air-du-temps–je-ne-sais-quoi? Nous ne sommes pas loin de le penser, mais préférons y voir un film modeste fait d’une succession d’images, de sons, de lenteurs assumées... qui invitent le spectateur à divaguer. Cela semble anodin, mais ce n’est pas rien: jamais le film n’ennuie, ne donne envie de se lever de son siège, de quitter la salle et d’aller affronter le dehors. Régulièrement, un bruit de bouteille qu’on débouche, un craquement de parquet, une Sophie Desmarais qui ne fait pas grand-chose dans un appartement, des passagers de métro en Russie ou au Japon, un polaroïd qui se décroche d’un mur ou je ne sais quel petit quoi d’anodin viendra titiller notre imaginaire, nous inciter à nous perdre dans nos pensées... tout en nous donnant toujours le minimum pour ne pas décrocher du film, bâiller d’ennui, s’ennuyer à maudire ce Yaroshevsky...
Alors bien évidemment, le film ne laisse pas une trace indélébile dans nos souvenirs cinéphiles, mais il nous donne envie de conseiller d’aller à sa rencontre, dans une salle de cinéma (où aucune tentation familière ne risque de divertir), et d’essayer de prendre ce qu’il a à nous offrir: une Sophie Desmarais qui-ne-fait-pas-grand-chose-mais-qui-le-fait-bien, des petites choses, des petites formes, des petits sons. Pour faire court: des petits riens dont la modestie finirait presque par ravir (sans que l’on sache vraiment pourquoi!).
C’est peut-être ça, aussi, la magie du cinéma.