6 mars 2020

★★★ | Roubaix, une lumière

Réalisation : Arnaud Desplechin | Dans les salles du Québec le 6 mars 2020 (Axia)
Adaptant un fait divers de sa ville natale, Arnaud Desplechin se retrouve en terrains connus pour cependant s’aventurer dans un genre, le polar, inhabituel pour lui. Roubaix, une lumière démontre que le cinéaste est capable d’opérer dans de nouveaux registres, mais son dernier film n’a pas l’assurance de ses meilleures œuvres.
C’est la ville et la vie qui l’habite qui s’affichent comme les points centraux de son film. Le choc des classes pauvres face aux privilégiés (qui ont occupé une grande partie de l’œuvre de Desplechin) l’intéresse particulièrement. Le film se veut une observation sur les réalités de la ville et si on retrouve les tics du réalisateur, l’écriture épistolaire dans laquelle il excelle en étant l’exemple le plus évident, ceux-ci deviennent alors un contrepoint aux réalités observées.
La pauvreté, le crime et le travail de la police sont donc présentés sans affects, comme une réalité crue. Dans cette réalité, le cinéaste peine longtemps à trouver un point d’assise, rendant l’intrigue centrale de Roubaix plutôt brouillonne, pleine de sous-développements anecdotiques, et à la conclusion précipitée. Desplechin réussi beaucoup mieux à définir les individus que le contexte dans lequel ils vivent, réussissant à créer des personnages vivants et, à son habitude, permettant à ses acteurs de donner d’excellentes performances.
Il y a certainement un potentiel dans le prospect de voir Desplechin appliquer ses envolées lyriques sur des réalités moins romanesque, et le cinéaste se montre prêt à se renouveler. À son meilleur, Roubaix... propose une approche singulière, à la fois personnelle et observatrice, du polar. L’ensemble est toutefois trop brouillon pour exploiter cette approche à son plein potentiel.

Lire également notre entrevue avec Arnaud Desplechin.
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