13 mars 2020

★★½ | Wendy

Réalisation : Benh Zeitlin | Dans les salles du Québec le 13 mars 2020 (Fox Searchlight)
Les attentes pour le second long métrage du réalisateur de Beasts of the Southern Wild étaient très élevées. S’attaquant à l’univers de Peter Pan, Benh Zeitlin retrouve en quelque sorte le monde de l’enfance qu’il avait exploré dans son précédent film. Ici, son personnage principal est Wendy, une jeune fille rêveuse et débordante d’imagination. Elle a la certitude que sa vie banale ne peut être une finalité. Elle ne peut pas grandir et par conséquent devenir adulte comme sa mère, serveuse sans réel avenir. Pour elle, il existe autre chose. Un ailleurs teinté de magie et de liberté se révèle doucement le soir venu. Un enfant du quartier disparaît. Ce train qu’on entend arriver la nuit venue mènerait-il à une vie meilleure ?
Zeitlin qui signe le scénario avec Eliza Zeitlin (sa sœur) avait en main plusieurs éléments pour laisser respirer son récit. Les séquences sur l’île mystérieuse où les enfants font la loi et l’ordre sont fabuleuses. Malgré une orchestration musicale trop soutenue, les mouvements de caméra ainsi que le montage sont aussi libres que les protagonistes. Wendy, Peter Pan et le reste du groupe des enfants refusent de vieillir et l’antidote à la vieillesse est le courage. Ce courage se retrouve dans certains moments de mise en scène ainsi que dans la direction d’acteurs des jeunes comédiens. Le jeu est parfois inégal, imparfait et ce sont ces imperfections qui font le charme du film.
Le réalisateur oppose à la liberté de l’enfance la structure du monde adulte (et en quelque sorte sa logique). La vie adulte est grise, lourde et sans issue... mais le tout nous est démontré avec tant d’insistance qu’on est à se demander si, en plus des images évocatrices, d’une narration et de la musique, on ne va pas voir apparaître à l’écran les phrases : « C’est dur d’être un adulte. Voici à quoi ressemblera ta vie. Sauve-toi ! »
Wendy nous laisse un peu sur notre faim avec une finale aussi lourde de sens que son entrée en matière. On pourra se consoler en se rappelant qu’entre le début et la fin nous avons assister à des moments de pure magie.
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