17 mai 2020

★★★ | Alice

Réalisation : Josephine Mackerras | En VSD au Québec à partir du 15 mai 2020  (Cinéma du Parc)
Alice, premier long métrage de Josephine Mackerras, débute dans une bulle. Une bulle familiale à l’apparence idyllique. Un couple amoureux, parents d’un charmant petit garçon. Cependant, sous la surface, une tension que l’on ne peut nommer et dont on ne connaît pas encore les implications, gronde sans relâche. Par cette introduction somme toute très courte, la mise en scène sans effets de style de Mackerras, aidé du jeu nuancé des comédiens, parvient à captiver par sa simplicité. Les petits moments, les failles entre les deux parents ne laissent pas présager le mur qu’ils vont tous frapper.
Mackerras porte un regard lucide sur les doubles standards de la société et de la perfection imposée aux femmes (encore plus aux mères). Face à la rigidité du système économique, Alice est forcée de trouver une solution rapide si elle ne veut pas se retrouver à la rue. Elle se tournera donc vers la prostitution, métier qui aurait causé l’implosion de son mariage ainsi que sa ruine financière. Si on fait abstraction des raisons qui poussent le personnage féminin à vendre son corps pour de l’argent (car il y a toujours moyen de justifier ses actions), la position du personnage demeure la plus intéressante. Il n’est pas question de honte ou de culpabilité. Pour elle, il s’agit d’un acte transactionnel qui lui permettra de sauver sa maison et d’assurer une stabilité à son fils. Ce n’est que la menace du jugement des autres sur sa respectabilité et sa capacité à être une bonne mère qui la pousseront à se remettre en question.
Le film nous présente une des facettes du milieu de la prostitution somme toute assez doux (clients de luxe, polis et respectables). Ce n’est finalement qu’un prétexte pour aborder la reprise du contrôle féminin. Tout d’abord sur le corps, mais également sur les attentes impossibles qui nous sont inculquées dès l’enfance. Malgré un troisième acte qui s’affaire à boucler toutes les boucles afin de nous offrir une finale lumineuse et optimiste, Alice demeure un premier film qui laisse présager une belle carrière à sa réalisatrice.
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