Réalisation : Lee Isaac Chung | Disponible au Québec en VSD et en salle le 26 février 2021 (Entract Films) |
Minari, film américain tourné principalement en coréen, profite de la réouverture des cinémas du Québec pour faire son apparition dans nos salles (et en ligne) à quelques jours de la prochaine cérémonie des Golden Globes, où il est finaliste dans la catégorie meilleur film en langue étrangère.
Le film met en scène une famille d’immigrants coréens qui décident de démarrer une ferme dans l’Arkansas dans les années 80. Si on ajoute à ce point de départ d’autres éléments abordés dès le début du film (la maladie du cœur du jeune fils, l’arrivée prochaine de la grand-mère qui vivait en Corée, les difficultés pour entreprendre avec un apport financier limité, les tensions dans le couple), on obtient de nombreux éléments qui auraient facilement pu faire basculer Minari vers le drame familial digne d’un mauvais téléfilm d’une autre époque. Fort heureusement, l’écriture du scénario est d’une délicatesse et d’une intelligence rares. En moins de 2 heures, Lee Isaac Chung, traite judicieusement a minima les sujets attendus en évitant les passages obligés, distille quelques éléments dramatiques moins prévisibles avec subtilité et enchaine le tout sans avoir recours au moindre effet. Cette absence d’effets, associé à un sens de l’observation impressionnant (une scène suffit à nous faire comprendre un enjeu sur lequel il n’est pas utile de revenir par la suite) permet au cinéaste de nous en dire finalement bien plus sur le déracinement et le rêve américain que bien d’autres films qui se voudraient plus éloquents.
La mise en scène et la direction d’acteurs sont à l’avenant et finissent par conférer au film une modestie qui pourrait déstabiliser. Mais c’est justement la force de Minari. C’est cette modestie qui rend ces personnages beaux et attachants et qui nous aide à comprendre leurs craintes, leurs espoirs, leurs motivations et leurs doutes plus ou moins étouffés, mais d’autant plus touchants qu’il n'en est jamais fait étalage.
Minari, ou l’art (pas si fréquent dans le cinéma américain) de la simplicité, est une des très belles surprises cinéphiles de cette année si particulière!