13 août 2021

★★★★ | Ema

Réalisation: Pablo Larraín | En salle au Québec le 13 août 2021 (Cinéma du Parc)

Entre sa récente mini-série en huit épisodes pour Apple TV (et adaptation d’un roman de Stephen King: Lisey’s Story) et en attendant Spencer (prévu l’an prochain), le chilien Pablo Larraín (El Club, Jackie) a signé Ema en 2019. Le film, qui était déjà disponible au Québec sur certaines plateformes numériques, sort enfin sur un grand écran (au Cinéma du Parc).
Il s’agit d’une œuvre forte sur une jeune danseuse de reggaeton qui, à la suite d’une tragédie, est en proie à une certaine forme de culpabilité la conduisant à faire des changements radicaux dans sa vie. Mené par le magnétisme de son interprète Mariana Di Girólamo, le récit se révèle aussi pernicieux que vénéneux jusqu’à son dénouement aussi tordu qu’inattendu qui risque de ne pas plaire à tous.
En conjuguant les thèmes du feu et de la danse, Larraín s’intéresse aux corps tout en dressant un portrait complexe d’une femme en quête de liberté sous toutes ses formes. Cela se reflète principalement dans la façon de la protagoniste-titre d'appréhender le sexe et son ancrage à l'amour romantique, ici un élément de plaisir comme la nourriture, la danse ou toutes autres activités euphoriques (comme la pratique du lance-flammes) auxquelles elle s’adonne. En sombrant dans le polyamour, Ema explore un désir libérateur, indomptable et agréable qui, comme le reggaeton — l’un des styles musicaux les plus en vogue des milléniaux — détruit les conventions stagnantes des esprits tranquilles (un peu à l’instar du personnage de Terence Stamp dans Teorema). Par la musique, la jeune femme subira plus tard une transformation qui, dans son aspiration à récupérer son fils, la conduira à bouleverser tout l'univers qui l'entoure.
Le tout est admirablement saisi par la caméra de Larraín qui filme la ville de Valparaiso dans des plans souvent fouillés et aux images remarquables.
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