27 août 2021

★★★ | Prisoners of the Ghostland

Réalisation: Sion Sono | Dans les salles du Québec le 27 août 2021 (Métropole Films Distribution)

Ce n'était qu'une question de temps avant que Sion Sono tourne un film américain. Prisoners of the Ghostland propose une initiation à son art qui se veut amusante et simplifiée.
Cela ne prend que quelques secondes pour constater qu'on est bel et bien devant un long métrage du cinéaste culte de Suicide Club. Le réalisateur punk possède un style unique, conviant un chaos qui verse dans la surenchère, l'abondance de combats hystériques et sanguinolents, mélangeant allègrement trois ou quatre genres au passage. Un seul coup d'œil à la bande-annonce et le désir est grand de vivre l'expérience au cinéma, à délirer entre amis ou inconnus.
Le long métrage fonctionne d'ailleurs surtout comme un divertissement inconséquent à usage unique. C'est toutefois suffisamment grotesque, amusant, déstabilisant, étrange et malsain pour qu'on en redemande. Surtout chez le cinéphile qui ignore tout du metteur en scène nippon. Visuellement l'œuvre en impose, proposant de décadentes visions de l'enfer à rendre jaloux tous les westerns à la Mad Max de la planète. Et musicalement elle n'est pas en reste, conviant des synthétiseurs symphoniques qui ne laissent pas indifférents.
La poussière ne tarde cependant pas à retomber. Aussi efficace soit-il, l'exercice de style répétitif demeure classique, et il n'existe que pour dissimuler des thèmes ténus explorés superficiellement. Le scénario concocté par Reza Sixo Safai et Aaron Hendry est plus que limité, les dialogues sonnent creux et il n'y a aucun personnage réellement attachant ou intéressant. Un fait rare chez le créateur de Tag et Red Post on Escher Street.
Évidemment ce n'est pas une raison pour bouder son plaisir et ne pas prendre son pied. D’autant plus que Sion Sono a trouvé son parfait alter ego en Nicolas Cage. L'acteur le plus cinglé de sa génération, qui était si sobre et juste dans le récent Pig, s'amuse beaucoup ici, modulant sa performance à l'ensemble sans trop en faire pour autant. Une rencontre au sommet entre deux monstres sacrés dont la folie semble avoir peu d'égal.
Prisoners of the Ghostland, le premier film du réalisateur à être distribué au Québec depuis près de dix ans, semble donc être une carte de visite pour le faire connaître à un nouveau public. Peut-être qu'après, ses nouveaux fans voudront découvrir les Cold Fish et autres Love Exposure qui les marqueront à jamais...
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