1 octobre 2021

★★½ | Titane

Réalisation: Julia Ducournau | Dans les salles du Québec le 1 octobre 2021 (Entract Films)
La Palme d’or cannoise a rarement été attribuée à du cinéma de genre, encore plus rarement à un film réalisé par une femme. Spike Lee, qui a oublié d’être un grand cinéaste depuis bien longtemps, nous prouve qu’il n’est pas non plus un grand président de jury. Par soucis probablement partagé de marquer l’histoire et de bousculer l’ordre établi, son jury a donné le prix suprême à un film plus prétentieux que réussi.
La première demi-heure de Titane a les qualités requises pour en faire un petit film d’exploitation bien fichu, évoquant bon nombre de films des années soixante-dix, notamment la première période de David Cronenberg. Par la suite, Titane suit un peu l’évolution de la carrière du cinéaste canadien susmentionné en optant pour une approche beaucoup plus cérébrale. Malheureusement, Ducournau n’est pas Cronenberg et au lieu de transcender le genre, elle le transforme maladroitement en vecteur d’une réflexion sur la filiation, la paternité, le besoin d’amour et la rédemption. Si ces sujets avaient été bien traités, nous en aurions été ravis mais malheureusement, elle le fait avec une telle volonté lourdingue d’être prise au sérieux et un goût si puéril de choquer le bourgeois qu'elle passe à côté d’un peu tout ce qui aurait pu faire la force de son film (ce que nous lui reprochions déjà un peu avec Grave). Nous reconnaissons cependant une nouvelle fois qu’elle n’est pas dénuée de talent (bien au contraire) mais son discours est d’une banalité si confondante que nous avons bien du mal à y voir autre chose qu’un film de genre mineur aux ambitions bien trop fortes pour un développement si faible.
Pas assez assumé pour divertir, pas assez subtil pour sublimer le genre, Titane nous laisse donc sur notre faim. Nous allons toutefois continuer à croire en Julia Ducournau. Peut-être qu’avec cette Palme d’or, elle sera libérée d’un poids et pourra élaguer son écriture de ses afféteries pseudo-intello-provocatrices pour aller à l’essentiel, en s’appuyant sur un sens de la mise en scène qui ne laisse planer aucun doute. 
À moins que sa Palme ne l’incite à persister sur cette voie! Plus que jamais : à suivre, donc!
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