5 novembre 2021

★★ |Eternals (Éternels)

Réalisation: Chloé Zhao | Dans les salles du Québec le 5 novembre 2021 (Walt Disney Pictures)

Eternals est sans doute le long métrage de Marvel le plus attendu des critiques depuis des lustres. La présence de Chloé Zao (gagnante des Oscars du meilleur film et de la meilleure réalisatrice plus tôt cette année pour son magnifique Nomadland) derrière la caméra n'est sans doute pas étrangère à ça.
La déception est d'autant plus grande qu'on se retrouve devant une superproduction générique et sans âme, qui recycle les éléments narratifs habituels en alliant un peu n'importe comment l'intime et le spectaculaire. Le film présente pas moins de dix (!) nouveaux super-héros, mais aucun ne s'avère réellement attachant malgré la longue durée de l'entreprise (près de 2 heures 40 minutes).
Après l'agréable et léger divertissant Shang-Chi and the Legend of the Ten Rings, place à un épisode plus sombre qui tente de méditer sur l'existence, le sens de la vie, la notion de Bien et de Mal et même la théorie de l'évolution, en revenant notamment à des moments importants de la planète. Ce désir de profondeur s'avère seulement prétentieux et ridicule en raison d’un scénario rédigé à huit mains qui ne fait aucun sens et d'acteurs qui croient difficilement à ce qui se passe autour d'eux.
En se recentrant sur l'émotion et l'humanité des personnages (l'humour est rare et maladroit), le script verse régulièrement dans le kitsch le plus nauséabond, rappelant encore et toujours l'importance de travailler en équipe et la nécessité d'aimer. De la grosse guimauve collante qui se voit gratifiée d'une bonne dose de sirop.
Évidemment les fans ne sont pas nécessairement là pour l'histoire. Ce sont les scènes d'action qui les intéressent. Ces dernières, souvent redondantes, en mettent toutefois plein la vue et les oreilles même si le tout manque singulièrement d'originalité. Il y a bien quelques moments marquants, mais surtout une utilisation fastidieuse des plans sombres. Sans doute pour couvrir les effets spéciaux, inégaux et même risibles à certains endroits.
En continuant d'aseptiser son univers, Disney finit par vampiriser le talent à sa disposition pour offrir un énième produit lisse et interchangeable, bien de son époque (diversité, baiser homosexuel, etc.). Mais cette fois-ci, le résultat n'est vraiment pas à la hauteur. Chloé Zao méritait plus. Nous aussi. Il ne s'agit peut-être pas du pire Marvel au cinéma, mais certainement du plus décevant.
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