29 octobre 2021

★★★ | The French Dispatch (French Dispatch du Liberty, Kansas Evening Sun)

Réalisateur: Wes Anderson | Dans les salles du Québec le 29 octobre 2021 (Searchlight Pictures)
Si l’on était critique à l’égard du cinéma de Wes Anderson, on pourrait dire que malgré ses immuables qualités (une inventivité visuelle, un sens du burlesque poétique, un amour pour des personnages atypiques), il possède aussi un sempiternel défaut : une tendance à aller dans tous les sens au sein d’un même film, démontrant d’ailleurs parfois que trop de rythme peut tuer le rythme.
Lorsque l’on apprend qu’il fait un film à sketches entrecoupés de saynètes jouant le rôle de liant/respirations, on se met alors à croire que cela pourrait bousculer sa tendance (pour un résultant, fantasmons-le, rythmiquement plus digeste).
Pendant le visionnement de la première heure de The French Dispatch, l’hypothèse se confirme. L'ensemble possède les mêmes qualités que d’habitude, mais la logique des sketches et des intermèdes porte ses fruits. Il faut dire que le premier segment (avec Benicio Del Toro la bête et Léa Seydoux la belle) et une vraie réussite, et que les liants sont de véritables enchantements. Le second sketch (avec Timothée Chalamet plus Chalamet que jamais et Lyna Khoudri pas encore très connue mais ça ne va pas durer) est un peu plus faible, mais on continue malgré tout à se laisser prendre au charme.
Malheureusement, la troisième partie est d’une grande faiblesse. Le cinéaste continue pourtant à donner vie avec réussite à cette ville imaginaire française d’Ennui-sur-Blasé, sorte de synthèse à la sauce Wes Anderson de la ville type du cinéma français des années 30 à 60. Il réussit de surcroît à reproduire un des plus irrésistibles clones du cinéma de ces dernières années (Mathieu Amalric en clone de Louis Jouvet dans le Quai des orfèvres de Clouzot costume rayé, nœud papillon, moustache improbable et enfant métisse inclus). Pourtant, la sauce de ce troisième sketch prend encore moins que celle du second.
Si l’art du crescendo aurait pu faire oublier un premier segment plus faible, le decrescendo de French Dispatch nous laisse sur notre faim et nous donnerait presque envie de rester dans la salle pour assister à la séance suivante... pour le plaisir de la quitter après la rencontre Del Toro / Seydoux, qui, à elle seule, vaut le prix du billet!
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