26 mai 2022

★★★ | Gabor

Réalisation: Joannie Lafrenière | Dans les salles du Québec le 27 avril 2022 (Maison 4:3)
D’emblée, la réalisatrice Joannie Lafrenière annonce sa complicité avec son sujet: elle se place dans des mises en scènes amusées avec Gabor Szilasi, photographe d’origine hongroise installé à Montréal dont la carrière parcourt plus de six décennies. Au premier abord, c’est le rapport que la réalisatrice entretient avec le sujet, voire leur filiation artistique, qui semble porter le film. Lentement toutefois, Lafrenière s’efface pour laisser place au photographe et, si le film reste méritant et fascinant, elle se contente d’une approche plus simple, mais aussi moins féconde, pour faire hommage à l’artiste.
Le documentaire s’amorce en revisitant avec le photographe les lieux où celui-ci a pris ses clichés. L’exercice est au fond anecdotique et sert surtout à laisser le sujet s’exprimer sur ses thèmes et son approche artistique. L’idée s’effrite vite et c’est en fin de compte le charisme et l’œil de Gabor qui soutiennent le film. La valeur à la fois historique et artistique de son travail est indéniable, et le film, à son meilleur, réussit à en transmettre la force.
Plusieurs intervenants énonceront alors ce qui deviendra une des faiblesses du film : Gabor lui-même est plutôt discret, peu enclin à s’ouvrir sur sa vie et son parcours, préférant laisser son travail de photographe parler. Lafrenière le présente avec beaucoup d’affection tout en gardant une distance respectueuse avec lui. Limité ainsi, mais peu intéressé à explorer des histoires parallèles à son sujet, Gabor, le film, fait office de gentil hommage, de présentation de l’œuvre d’un artiste, mais peine à devenir une œuvre en elle-même.
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