22 avril 2022

★★½ | Norbourg

Réalisation: Maxime Giroux | Dans les salles du Québec le 22 avril 2022 (Entract Films et Maison 4:3)
Maxime Giroux (La grande noirceur) et Simon Lavoie (Nulle trace) sont deux des cinéastes les plus essentiels du Québec. Lorsque le premier réalise et que le second scénarise au sein du même film, cela ne pouvait que donner un résultat qui sorte des sentiers battus. C'est le cas de Norbourg… mais pas pour les bonnes raisons!
Inspiré d'un fait divers qui a secoué la Belle Province au milieu des années 2000, ce long métrage ne sait jamais sur quel pied danser. Est-ce une sombre histoire d'amitié et de trahison entre un fraudeur (François Arnaud) et un ancien homme vertueux (Vincent-Guillaume Otis) qui a été corrompu par le pouvoir et l'argent ? Ou une farce grossière et transgressive sur les milieux de la finance comme pouvaient l'être les beaucoup plus efficaces The Big Short ou The Wolf of Wall Street ? Dans tous les cas, le récit s'avère superficiel et il laisse souvent indifférent.
Il est en fait constamment en quête d'une identité qui lui est propre. Vulgarisés jusqu'à en devenir simplistes, les enjeux n'en demeurent pas moins verbeux et trop explicatifs, alors que de grosses ficelles pendent pour manipuler le spectateur (par exemple la pauvre petite fille de l'introduction qui risque de perdre son héritage). La mise en scène compétente qui exploite favorablement la grisaille et la solitude de la Métropole s'avère d'ailleurs un peu trop télévisuelle. Même la musique, au demeurant très soignée (certains échos évoquent Le cheval de Turin), finit par donner le tournis par son omniprésence et sa façon de tout souligner. Quant aux deux interprètes principaux, ils ne semblent pas toujours croire à leurs personnages avec leurs petits sourires en coin.
Et si l'intérêt résidait ailleurs ? C'est à se demander si Giroux et Lavoie, qui ont toujours œuvré au sein d'un septième art indépendant, n'ont pas voulu imiter leur sujet afin de palper un cinéma commercial et populaire en offrant exactement ce que le client demande : une production lisse et impersonnelle, pas inintéressante mais dénuée d'âme, qui embrasse volontairement les conventions pour — c'est à espérer pour eux — s'en mettre plein les poches. L'exercice de manipulation qui en découle ne livre peut-être pas toujours la marchandise, mais au moins il va plus loin que le résultat assez quelconque en place.
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