Réalisation: Leos Carax | Dans les salles du Québec le 6 août 2021 (MK2│Mile End) |
Leos Carax est un cinéaste hors normes, rare, ambitieux, faussement maudit, un brin mégalo et surtout excessif, aussi bien dans son rapport aux sentiments qu'au langage cinématographique. Chacun de ses films est une proposition poétique, imprévisible, tour à tour géniale ou brouillonne, touchante ou surfaite, inventive ou prétentieuse.
Avec Holy Motors , il avait atteint un sommet. Neuf ans plus tard, avec Annette, il passe à côté... du moins pour l'auteur de ces lignes (visiblement très minoritaire à le penser, d'éminents et très respectables collègues étant d'un tout autre avis). Baroque mal maîtrisé, scénario "trop" (et mal) construit (c'est d'ailleurs le seul qu'il n’a pas signé), émotion plus désirée et lourdement imposée que véritablement ressentie: non, je ne suis pas rentré dans un film qui donne l’impression de vouloir tout imposer au spectateur, à l’opposé de Holy Motors qui le laissait au contraire totalement libre. Mais cela n'a pas d'importance. Carax n’a jamais laissé personne indifférent, et il est presque impossible de ne pas aimer un de ses films sans au moins le considérer comme un artiste au réel talent, même lorsque l’agacement prend le dessus sur le respect qu’il impose.
Pour toutes ces raisons, non seulement je m'autorise ici un interdit éditorial en parlant à la première personne, mais je dois en plus avouer ne pas avoir particulièrement envie de m'étendre sur le film, qui, même si je ne l’ai pas aimé, est un film que tout cinéphile doit voir ! Parce que Carax est aussi agaçant que génial, parce que ses films lui ressemblent, et parce que même dans un film qui passe à côté de ses sujets, manque de finesse, confond baroque et clinquant… il y a des moments magiques !
Et ces moments, mêmes rares chez Annette, se doivent d’être vus !