1 avril 2011

Essential Killing ****½

Mohammed (Vincent Gallo), responsable de la mort de trois soldats, est capturé par les forces américaines basées en Afghanistan. Après avoir été torturé, il est envoyé dans un centre de détention situé quelque part en Europe de l’Est mais parvient à s’échapper lors du transfert. Il se retrouve seul, traqué dans une forêt enneigée et sera prêt à tout pour survivre.

Réalisateur: Jerzy Skolimowski │En salles le 01 avril 2011 (W2 Media)


Essential Killing est l’exemple même du film à propos duquel le spectateur habitué aux divertissements prémâchés vous dira qu’il ne se passe rien. J’ajouterais même pour lui faire plaisir qu’il est de surcroît quasiment muet. Cela ne l’empêche pourtant pas d’être magnifique. Jerzy Skolimowski, malgré le sujet abordé, ne prend volontairement jamais parti et préfère observer avec acuité cet homme confronté à la faim, aux autres et à une nature hostile mais finalement rédemptrice. Cette nature omniprésente, viscéralement filmée, finit par pénétrer Mohammed, le diminue inexorablement, l’avilit encore plus mais le dépouille finalement de son mal. Si le spectateur peut voir en Essential Killing un film métaphysique, il peut aussi se contenter d’apprécier le travail graphique de Skolimovski qui filme superbement ce visage de plus en plus creusé et ce corps de plus en plus meurtri se déplaçant tant bien que mal dans cette forêt enneigée.
Notons enfin un autre élément qui finit de rendre ce film passionnant : Vincent Gallo, que l’on a trop souvent vu cabotiner, et qui accepte ici de se laisser petit à petit consumer, de s’effacer comme son personnage pour finalement atteindre lui aussi un absolu.
Essential Killing est un film rare, une expérience de cinéma inoubliable pour qui accepte d’y participer. Espérons simplement qu’il reste à l’affiche plus d’une semaine dans la seule salle québécoise à oser le projeter !
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