Le Crazy Horse, prestigieux cabaret parisien où la beauté des corps féminins est sublimée par une lumière raffinée, a confié la mise en scène de la revue Désirs au chorégraphe Philippe Decouflé. Le documentariste américain Frederick Wiseman est le témoin privilégié de cette collaboration.
Frederick Wiseman, observateur attentif de la vie américaine depuis le début des années 60, jette ici un regard sur le fameux Crazy Horse. Après avoir également consacré des films à l'Opéra de Paris et à la Comédie Française, il revient une nouvelle fois dans la capitale de l’Hexagone. Fidèle à ses habitudes (pas de commentaires, pas d'ajout de musique), sa caméra se fait observatrice de la création d'une nouvelle revue dirigée par Philippe Decouflé. Si on comprend facilement que Wiseman consacre beaucoup de temps au spectacle proposé (en raison des très belles chorégraphies, des superbes danseuses et du travail sur la lumière, fidèle aux exigences de la maison), on regrette trop souvent des choix de cadres approximatifs (et régulièrement trop serrés). On aurait préféré que le documentariste parvienne à percer les secrets du cabaret en nous faisant partager l’univers des coulisses. S’il s’y attarde parfois, il ne parvient pas à trouver la complicité nécessaire avec les danseuses (et encore moins avec les techniciens). Il n’arrive ainsi visiblement pas à faire oublier sa caméra aux différents protagonistes pour nous plonger dans le mystère du lieu… et reste continuellement en surface. Cela a pour mérite de permettre au Crazy de conserver son mystère, mais le film passe ainsi à côté de ce qu'il aurait pu (et dû) être. Wiseman parvient tout de même à en rendre le visionnement agréable (en raison principalement des prestations scéniques et de l’image de John Davey, qui fait parfaitement honneur aux éclairages du spectacle). La petite frustration ressentie n’en est que plus grande !
