Nasser Ali (Mathieu Amalric) est un des plus grands violonistes de son temps, mais depuis qu’on a brisé son instrument, il ne parvient plus à jouer comme avant et perd petit à petit le goût de vivre. En attendant la venue d’Azraël (Édouard Baer), l’ange de la mort, il se remémore sa vie passée, son mariage raté et le secret qui n’a cessé de le faire souffrir.
Réalisateurs: Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud | Dans les salles du Québec le 8 juin 2012 (Alliance Vivafilm)
Avec Poulet aux prunes, Marjane Satrapi adapte pour la deuxième fois une de ses BD pour le cinéma. Mais cette fois, elle profite de sa nouvelle collaboration avec Vincent Paronnaud (déjà co-réalisateur de Persepolis) pour délaisser l’animation au profit d’un film en prises de vues réelles, avec de vrais acteurs… et pas n’importe lesquels! La distribution est en effet alléchante et Mathieu Amalric est une fois de plus impeccable. Cependant, si tous les interprètes sont talentueux, quelques erreurs de casting sont à dénombrer. Maria de Medeiros, Chiara Mastroianni ou Isabella Rosselini donnent en effet plus l’impression d’avoir été choisies pour leurs noms que pour leurs aptitudes à incarner leurs rôles respectifs. De plus, la caméra de Satrapi et Paronnaud ne parvient jamais à restituer le charme de Golshifteh Farahani (son rôle aurait pourtant dû la rendre aussi irrésistible que dans Si tu meurs, je te tue, ce qui est loin d’être le cas). Après le papier et l’animation, le passage aux "vrais personnages" semble donc un peu difficile.
Malheureusement, la difficulté à passer du dessin aux acteurs de chair et de sang n’est pas la seule faiblesse du film, également victime de son ambition. La complexité de la narration (qui parvient cependant à rester toujours limpide) associée à un style trop hétérogène (de la sitcom américaine à l’expressionnisme allemand) finissent par ressembler à un exercice de style étouffant la moindre émotion sans pour autant nous impressionner plastiquement (les qualités visuelles sont trop disparates pour nous envoûter).
Malgré un thème intéressant (une peine d’amour, qui a fait souffrir de manière directe ou indirecte de nombreux individus, permet à Nasser Ali de devenir un virtuose du violon), des personnages d’une belle complexité et une histoire au fort potentiel émotif, le passage à une autre forme de création ne convainc guère.
Nous attendons cependant avec impatience la prochaine tentative du duo Marjane Satrapi / Vincent Paronnaud, en espérant qu’ils optent la prochaine fois pour un peu plus de sobriété tout en se montrant plus à leur aise avec leurs acteurs! À moins qu’ils ne préfèrent retourner à l’animation!