13 juillet 2012

Collaborator ***

Le dramaturge Robert Longfellow (Martin Donovan) vient passer quelques jours en compagnie de sa mère dans la maison où il a grandi. Un voisin (David Morse), avec qui il n’a jamais été proche, le prend en otage. La police cerne la maison et les informations télévisées suivent l’affaire de près pendant que les deux hommes apprennent à se connaître.

Réalisateur: Martin Donovan | Dans les salles du Québec le 13 juillet 2012 (Les Films Séville)

Les cinéphiles de plus de 35 ans se souviendront probablement avoir découvert Hal Hartley et son acteur fétiche, Martin Donovan, il y a un peu plus de vingt ans. Si le premier a fini par s'essouffler, le second connait une seconde jeunesse en nous livrant une première réalisation (récompensée par le prix Fipresci à l’occasion de l’édition 2011 du festival de Karlovy Vary).
Avouons-le, les premières scènes permettant à Martin Donovan d’installer son personnages peuvent susciter quelques inquiétudes tant le réalisateur Donovan semble aimer filmer l’acteur Donovan (il est vrai toujours aussi beau gosse malgré ses 55 ans). Heureusement, il parvient à se sortir de ce piège lorsque l’intrigue se développe (et confie même à David Morse un rôle en or, d’ailleurs récompensé du prix du meilleur acteur dans le festival déjà mentionné).
Il fait alors preuve de réelles qualités de réalisateur en faisant évoluer de manière convaincante son portrait d’artiste new-yorkais controversé (porte ouverte à un déluge de nombrilisme donovanien) en huis-clos. Donovan (également auteur du scénario) nous prouve alors ses talents d’écriture (dialogues bien sentis, belle gestion de deux personnages antagonistes, regard pertinent porté sur le rapport à la célébrité et à l’héroïsme) et de mise en scène (qui est à elle seule une réflexion sur la possibilité de filmer du théâtre à l’écran sans faire du théâtre filmé), tout en soignant sa direction d’acteurs et son casting (avec une mention spéciale pour David Morse qui parvient à maîtriser son cabotinage).
Si on peut reprocher au film de Martin Donovan un côté parfois un peu trop appliqué, son Collaborator n’en demeure pas moins un premier film d’une belle tenue. Souhaitons-lui que ce coup d’essai ne soit pas le dernier!
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