7 août 2012

Fantasia 2012: Carré blanc ***½

Réalisateur: Jean-Baptiste Leonetti

Dès les premières images, Carré Blanc nous fascine visuellement: le sens du cadre, le soin porté à la composition avec le rôle important joué par les formes géométriques (lignes ou parallélogrammes) ou le ton monochromatique contribuent en effet à créer un univers particulier et aussi froid que le monde dépeint (celui que pourrait devenir le notre). Dans ce monde, les relations personnelles sont réduites au minimum, la compassion n’existe plus, le bon sens individuel est annihilé par la peur (ou le devoir, qui deviennent presque synonymes), et le moindre excès de confiance (surtout en groupe) peut dériver vers des excès incontrôlés.
Ambitieux par sa forme et son thème, ce premier film n’est pour autant pas exempt de défauts, principalement en raison d’un message manquant parfois de subtilité. Jean-Baptiste Leonetti ne se contente pas de poser des questions intéressantes (sur la société, la hiérarchie, l’obéissance, la domination, le libre arbitre), mais a tendance à imposer ses réponses, ce qui entraîne le film vers des excès de manichéisme facile.
Pourtant, l’univers recréé (inquiétant mais non dénué d’un certain réalisme, ce qui le rend encore plus inquiétant), associé à une bande son efficace (une succession de messages a priori anodins sur les bienfaits de la procréation ou du criquet qui finissent par être menaçants) et à une direction d’acteurs impeccable (et un Sami Bouajila une fois de plus parfait) finissent par nous faire reléguer au second plan les faiblesses énoncées plus haut.
Un chose est sûre, nous suivrons avec intérêt l’évolution de la carrière de Jean-Baptiste Leonetti. Son talent est certain. Espérons seulement qu'à l'avenir, il ne se laissera pas trop enfermer dans un concept un peu trop ambitieux pour lui. C’est certain, la prochaine fois, nous serons moins indulgents!
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