6 août 2012

Fantasia 2012 : Turn Me On, Goddammit! (Få meg på, for faen) ***½

Réalisatrice: Jannicke Systad Jacobsen

Turn Me On, Goddammit! est une petite surprise comme on les aime. Enfin, peut-être pas complètement une surprise car le film s’est déjà fait remarquer chez nos voisins du sud, où il a obtenu un prix du scénario à Tribeca l’an dernier.
Disons plutôt qu’à première vue, il ne paie pas de mine; il ressemble à un énième film sur l’adolescence et sur la difficulté de vivre cette période de grands changements, surtout si l’on n'est pas vraiment comme tout le monde.
Là où il se distingue, c’est par son personnage principal: une ado de presque 16 ans (Helene Bergsholm, parfaite), populaire jusqu’à ce qu’on la prenne pour une mythomane nymphomane. Et oui... pour une fois, ce ne sont pas les gars qui ne pensent qu’au sexe, mais une fille, avec ses fantasmes, sa curiosité pour les revues pornos et sa dépendance au téléphone rose et à la masturbation (pour ça non plus, il n’y a pas que les gars!). Annoncé ainsi, le sujet peut faire peur! Fort heureusement, loin d’être aussi graveleux que pourraient le laisser présager ces quelques lignes, le film ne franchit jamais la frontière du mauvais goût facile. Bien sûr, on y voit des seins et un sexe en érection, mais la magie scandinave fait que tout cela ne ressemble jamais à de la provocation!
Ce qui compte en effet pour Jannicke Systad Jacobsen (il fallait bien une femme pour l'oser!), c’est son sujet... et surtout ses personnages. Et de ce point de vue, nous somme servis! Peut-être aidée par son passé de documentariste, la réalisatrice parvient en quelques plan à tout nous dire sur le milieu dans lequel se déroule le film (un petit village perdu dans les montagnes norvégiennes), sur la difficile relation entre une fille et sa mère vivant seules, sur le conservatisme des adolescents acceptant difficilement qu'une pensée s'éloigne de la norme et surtout sur cette jeune fille tiraillée entre une envie d’amour idéalisé et une soif parfois démesurée de plaisir sexuel. Si l’on ajoute à ce sens de l’observation une réelle sensibilité, un attachement évident pour ses personnages, un sens de l’humour irrésistible (qui sait jouer de la spécificité de la pensée adolescente sans pour autant s'en moquer), nous obtenons un véritable petit plaisir norvégien a priori mineur, mais débordant de qualités, qui nous donne de surcroît l’occasion de rappeler qu'il n’y a pas que l’humour gras dans la vie... même à Fantasia!
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