10 août 2012

Guilty of Romance ***½

Le banal quotidien d’une jeune bourgeoise mariée (Megumi Kagurazaka) changera du tout au tout lorsqu’elle rencontrera différentes personnes qui l’initieront au sexe et à la débauche.

Réalisateur : Sion Sono | Dans les salles du Québec le 10 août 2012 (K-Films Amérique)

Il n’y a sans doute aucun cinéaste aussi tordu et pervers que Sion Sono. Mondialement connu pour son sinistre Suicide Club, il n’hésite pas à plonger dans les bassesses de l’âme humaine. Il n’est pas surprenant que le sexe, le sang, la violence, la torture et la dépravation soient au menu d’une façon comme d’une autre, avec des succès heureux (Strange Circus) ou moins convaincants (Exte : Hair Extension).
Avec Guilty of Romance, il conclut sa trilogie de la haine. Sans être aussi mémorable que la fresque de quatre heures de Love Exposure, ou que le terriblement malsain Cold Fish, ce nouveau récit se veut beaucoup plus psychologique, presque celui d’un cinéaste qui a quitté l’adolescence pour embrasser une carrière plus «sérieuse». Son style authentique et pleinement reconnaissable est toujours au rendez-vous dans sa façon de fracasser les destins de ses êtres à l’aide d’un scénario brillant, et d’une moralité assassine.
Cette descente aux enfers d’une jeune héroïne naïve se veut celle, malheureuse, de générations de femmes qui tentent de s’émanciper. Bien que volontairement exagérée, la trame narrative n’en demeure pas moins réaliste, et la performance tout en subtilité de Megumi Kagurazaka rend son désarroi encore plus palpable. Elle est cette petite bête sensible qui perdra son innocence et qui sera broyée par ces inconnus vampiriques.
Reprenant quelque peu son traitement naturaliste de Hazard pour les mélanger à une esthétique particulièrement soignée (les jeux de lumière, l’apport des ombres qui prend de plus en plus possession de la lumière), la réalisation âpre épouse parfaitement les thèmes en place, d’une noirceur envoûtante.
Dommage qu’au final, le portrait demeure incomplet. La conclusion arrive si rapidement que plusieurs thèmes demeurent en suspens. Le long métrage original s’étendait sur 144 minutes, alors que la version internationale ne dépasse même pas deux heures. Une demi-heure qui doit faire toute la différence.
Malgré ces inconvénients, qui sont de plus en plus répandus lorsqu’on présente un film étranger sur les écrans québécois, Guilty of Romance mérite pleinement le détour, et il s’agit possiblement de la meilleure introduction pour s’imprégner de l’univers de son créateur.
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