10 août 2012

La source des femmes **

Depuis toujours, les femmes d’un petit village situé quelque part entre le Magrheb et la péninsule arabique vont chercher de l’eau à une source située à plusieurs kilomètres, dans la montagne. Le jour où une femme enceinte fait une chute qui lui fait perdre sonenfant, Leila (Leïla Bekhti) propose aux autres femmes du village de mener une "grève de l’amour" afin de contraindre les hommes à les aider dans cette tâche difficile.

Réalisateur : Radu Mihaileanu | Dans les salles du Québec le 10 août 2012 (Métropole Films Distribution)

L’histoire et la filmographie de Radu Mihaileanu ne laissent planer aucun doute sur la sincérité du message de tolérance omniprésent dans son cinéma. Avec La source des femmes, nous sommes heureux de voir qu’il parvient même à dépasser sa propre histoire. Si la question juive a été fortement abordée dans son cinéma jusqu’à maintenant, son nouveau film lui permet de parler de l’Islam, de ses dangers (les interprétations que l’on fait du texte et le choix des sourates que l’on veut mettre de l’avant ou au contraire passer sous silence), mais aussi de ses valeurs de tolérance. Au-delà de la religion (qui peut être utilisée aussi bien par des gens souhaitant éclairer les fidèles que par ceux souhaitant les aveugler), La source des femmes aborde aussi des sujets comme l’importance de l’éducation (et son lien avec la compréhension de la religion), de l’égalité des sexes (et de sa revendication par l’action pacifique), et de la liberté (notamment celle de vivre avec celui ou celle que l’on aime).
Toutes ces valeurs sont bien évidemment forts louables et les revendiquer dans un film n’est pas critiquable en soi, mais comme nous le répétons (trop) souvent : des bonnes intentions ne suffisent pas à réussir un film!
En effet, pour être sûr que ses messages passent, Radu Mihaileanu explicite chaque idée avec tellement d’insistance que les conséquences pour le film sont regrettables. En effet, les scènes sensées porter les différents messages (dans lesquels des clichés sont combattus sans nuances au moyen d’autres clichés) font en permanence de l’ombre au reste du film. L’histoire de base (la grève du sexe des femmes qui veulent que les hommes les aident à aller chercher de l’eau) apparaît vite comme un prétexte mal exploité et les personnages, sans épaisseur et trop caricaturaux, ne semblent bons qu’à servir de portevoix à un discours trop simpliste. Probablement conscient que le scénario manque cruellement de souffle, Radu Mihaileanu et son coscénariste, Alain-Michel Blanc, font appel à des personnages superflus ou à de minis histoires périphériques inutiles. Au lieu d’augmenter intérêt dramatique, ils ne font qu’ajouter des bonnes intentions à un ensemble qui n’en manquait pas!
La source des femmes, pourtant prometteur, doit donc se contenter d’être une histoire étouffée par un message trop simpliste et menée par des personnages qui auraient pu être beaux s’ils avaient été exploités à leur juste valeur (y compris certains personnages secondaires, comme celui interprété par Hafsia Herzi).
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