Pierre (François Delisle / François Papineau) est en prison. Sa mère (Jacqueline Courtemanche / Andrée Lachapelle) lui rend visite régulièrement. Suzanne (Noémie Godin-Vigneau / Dominique Leduc), son ex-conjointe, essaie de refaire sa vie. D’autres personnages vont également croiser Pierre. Tous nous livrent leurs confidences.
Des voix hors champs se confient à nous. Elles nous parlent de vieillesse, de mort, de culpabilité, de solitude et d’enfermement. Ces voix sont celles d’un taulard, d’une vieille dame, d’une femme seule, d’un maton et d’un dealer.
Simultanément des images se succèdent : nuages, chutes d’eaux, zones industrielles, corps de femme sur le bord d’une route, visages aux regards vidés du moindre espoir. Elles aussi, comme les voix, se succèdent.
Simultanément des images se succèdent : nuages, chutes d’eaux, zones industrielles, corps de femme sur le bord d’une route, visages aux regards vidés du moindre espoir. Elles aussi, comme les voix, se succèdent.
Tour à tour l’image répond au texte, l’illustre, l’évoque, s’efface parfois devant lui ou au contraire le renforce. Comme pour insister sur cette distinction entre l’image et le son, chaque personnage est interprété par deux acteurs (incarnant respectivement son corps et sa voix). L’ensemble aurait pu former un bel exercice de style constitué de photographies animées et de textes. Il parvient en réalité à former bien plus que ça. Plus que la beauté d’une image, plus que la souffrance d’un personnage, plus que la crudité d’un texte qui ne veut pas tricher, nous prenons en effet en plein coeur l’association parfaite des trois éléments.
Le procédé permet également à François Delisle de laisser le temps nécessaire à ses personnages pour qu’ils prennent corps (ou âme?), pour qu’ils évoluent, pour qu’ils habitent une histoire. Sous des allures d’œuvre abstraite ou conceptuelle, il parvient ainsi à les rendre possibles, à plonger dans leur intimité, à comprendre leurs peurs. Il y parvient avec tant de force que certaines scènes ont des répercussions presque physiques chez le spectateur. Lorsque, par exemple, l’homme parle de sa première nuit en prison pendant que sur l’écran son ex-conjointe se tourne vers nous, éclairée en contre jour par le soleil couchant, nous nous prenons littéralement une décharge émotive en plein coeur, dont les battement deviennent pour quelques temps hésitant, douloureux, difficiles. À la fin du film le spectateur est inévitablement KO, encore sous le choc d’une telle beauté, peut-être même un peu incrédule devant ce qu’il vient de voir, devant cette ambition artistique qui serait d’une indécente prétention si elle n’était pas si parfaitement maîtrisée.
Et si Le météore n’était pas uniquement un grand film québécois, mais un chef d’oeuvre... tout simplement?