5 juillet 2013

A Hijacking (Kapringen) ***

Des pirates somaliens prennent d’assaut un cargo danois. Depuis Copenhague, Peter (Søren Malling), réputé pour être un négociateur redoutable, entame les discussions avec les pirates. Mais on ne négocie pas des contrats comme on négocie une rançon...

Réalisateur: Tobias Lindholm | Dans les salles du Québec le 5 juillet 2013 (Cinéma du Parc)

Tobias Lindholm (à qui l’on doit notamment le scénario de La Chasse) s’attaque avec A Highjacking à un des phénomènes majeurs de notre époque: la piraterie. Il ne choisit pas un angle spectaculaire (il n’y a pas d’intervention armée pour libérer les otages) mais préfère la tension psychologique en se focalisant sur une négociation qui s’éternise. Pour rendre palpable cette tension, il s’appuie sur deux éléments majeurs: une mise en scène sans fioritures, qui ne pense qu’à ses personnages et les filme avec une acuité exemplaire, et des acteurs capables de leur donner vie avec un naturel et une force exceptionnelle. Ces deux qualités associées à un scénario rigoureux parviennent à dépeindre de manière convaincante l’absurdité de ce genre de situation (et de son dénouement: la tension étant partagée par tous, le pire peut arriver même lorsque tout semble réglé!).
Par contre, tout au long du récit, le film souffre d’un petit problème de point de vue. Nous ne lui reprochons ni sa lenteur ni son manque d’action (bien au contraire, ces choix sont favorables à l’émergence d’une tension psychologique), mais son choix de montage. Après avoir fait part de la situation du point de vue d’un membre de l’équipage (Pilou Asbæk), le film suit longuement le négociateur, avant de revenir avec l'équipage, puis de retourner au Danemark, etc. En choisissant de nous rendre compte de deux types de situations très distinctes et en changeant de personnage au moment où la tension se fait palpable, Tobias Lindholm minimise un peu la portée de son entreprise en provoquant des ruptures constantes. Nous aurions préféré qu’il soit plus radical et qu’il ne conserve qu’un point de vue, ou qu’au contraire il alterne plus rapidement et multiplie les points de vue pour nous entraîner encore plus dans le caractère absurde de la situation (elle l’est d’ailleurs tout autant pour les otages que pour les pirates ou pour les négociateurs des deux bords).
Malgré cette réserve qui empêche le film d’être aussi percutant qu’on l’aurait souhaité, The Highjacking n’en demeure pas moins une oeuvre très respectable. La mise en scène de Tobias Lindholm est d’ailleurs si exemplaire qu’elle ne nous donne pas trop envie de faire la fine bouche.
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