16 août 2013

Drug War (Du Zhan) ***½

Film vu dans le cadre du festival Fantasia 2013

Afin d’échapper à la peine de mort, un trafiquant de drogue (Louis Koo) est contraint par le capitaine Zhang (Honglei Sun) de participer à une opération visant à démanteler l’organisation pour laquelle il travaille.

Réalisateur : Johnnie To | Dans les salles du Québec le 9 août (Cinéma du Parc)

Le cinéma de Johnnie To avait un peu perdu de son éclatante forme depuis le génial Mad Detective. Après le peu mémorable Life Without Principle et sa rechute dans la comédie romantique, il était temps qu’il se refasse une santé. C’est chose faite avec Drug War, incontestablement le film d’action le plus intéressant vu jusqu’à maintenant. Son originalité ? Une mise en scène réglée au quart de tour, constamment au service du récit et de ses personnages, moins stylisée certes que l’habitude, plus sobre cette fois, mais tout aussi soignée. S’ajoute à cela un récit captivant fondé sur la dualité obsédante entre policiers et criminels, une récurrence dans l’œuvre de To qui s’est toujours plu à conférer à ces deux groupes antagonistes aux yeux de la loi une même dose intelligence butée, une même volonté d’arriver à ses fins… Entêtés, rusés, les deux personnages principaux sont prêts à transgresser tous les interdits pour survivre. Cela peut signifier trahir les membres de son cartel (pour Tommy), ou consommer de la cocaïne − en plein exercice d’infiltration − jusqu’à s’écrouler devant le regard incrédule et inquiet de ses collègues (pour l’inspecteur Zhang).
Outre l’intelligence et la minutie avec lesquelles il détaille les coulisses secrètes du monde interlope (transactions en plein jour, rencontres...) To laisse mijoter tout au long du film une imperturbable tension entre ses deux personnages, mutés au rang de coéquipiers malgré eux, prêts à tout pour réussir. Un véritable jeu du chat et de la souris tacite s’installe entre Tommy et le capitaine. La méfiance, accentuée par des gros plans serrés sur chacun, est à son comble… To place son échiquier pièce par pièce, graduellement, sans aucune seconde d’ennui. Avec fluidité, Drug War se déroule comme un puzzle dans lequel chaque personnage rencontré (l’inoubliable fratrie de muets à première vue inoffensive) prend progressivement sa place assignée dans l’intrigue, et pas nécessairement celle qu’on croyait − pour preuve, l’autorité du personnage d’Uncle Bill discréditée via une pirouette scénaristique spectaculaire.
Avec Drug War, Johnnie To confirme encore une fois son habilité tout à fait singulière à parsemer un récit on ne peut plus prévisible d’élans d’originalité et de morceaux de bravoure inoubliables, tel son extraordinaire conclusion, d’une virtuosité ahurissante digne de Rodriguez ou John Woo… Le maître signe là un grand retour en forme!!
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