Au Mexique, la jeune Estela, 12 ans, vit le parfait amour avec un policier de plusieurs années son aîné. Lorsque le jeune homme se retrouve impliqué dans une sombre histoire de trafic de stupéfiant, toute la famille d'Estela se trouve entraînée dans une spirale de violence!
Heli, prix de la mise en scène au dernier festival de Cannes, vient également de se voir attribuer la Louve d’or à l’occasion du Festival du Nouveau Cinéma de Montréal. Il faut dire que le réalisateur excelle dans l’art d’appliquer les recettes du cinéaste de festival (le travail sur le cadre, le rythme ou la direction d'acteur en font un film qui ne peut que se faire remarquer dans ce genre d’événement). Nous devons d’ailleurs reconnaître à Amat Escalante un certain talent dans la mise en application de ces petites recettes et l’ensemble aurait facilement pu donner un résultat fort satisfaisant.
Malheureusement, le réalisateur s'est cru malin en ajoutant une dose de violence finalement assez nuisible. Non seulement, d'un point de vue moral, nous sommes en droit de nous demander s'il est pertinent d'arroser d'essence les parties génitales d'un acteur avant de les enflammer juste pour un film ou si la mise à mort de deux chiens est acceptable. Peut-être ne sommes nous que de vieux ringards qui considérons à tort que l'art n’excuse pas tout, surtout si cette violence est au service de la dénonciation de la violence. Même si tel est le cas, et s'il est idiot de se poser des problèmes moraux en regardant un film (je ne suis pas de cet avis mais un article complet ne suffirait pas à faire le tour du problème…), les actes sus mentionnés n'en demeurent pas moins critiquables d'un point de vue purement artistique.
D'une part, le chiot qui va se faire tordre le cou après une heure de film nous est montré jusqu’alors avec une insistance trop artificielle, ce qui nuit grandement au ton général du film en le rendant trop manipulateur pour être respectable. D'autre part, devant certains actes de violence non simulée, nous ne pouvons nous empêcher de nous interroger davantage sur les actes du metteur en scène et de ses acteurs que sur ceux de leurs personnages. En donnant la mort à un chiot pour choquer le spectateur, le réalisateur ne réussit qu'à attirer l'attention vers lui et sa propre violence au service d’un art, alors que nous aurions dû être choqué par celle des personnages et de la société où ils évoluent.
En plus d'être ignoble, cette violence finit par nuire au film. C'est bien fait pour Monsieur Escalente et son producteur Carlos Reygadas, mais c'est fort regrettable. Sans ces excès, le film aurait été non seulement plus fréquentable mais également paradoxalement plus efficace! C’est bien de vouloir utiliser la violence pour déstabiliser le spectateur… encore faut-il être capable de la mettre au bon endroit!