7 février 2014

Jimmy P. (Psychothérapie d'un Indien des plaines) ***½

Jimmy Picard (Benicio Del Toro), un Amérindien Blackfoot qui a été blessé à la tête durant la seconde guerre mondiale, est admis dans un hôpital militaire spécialisé dans les maladies du cerveau. Certains médecins le pensent schizophrène mais la direction décide tout de même d’avoir recours aux services d’un ethnologue et psychanalyste spécialiste des cultures amérindiennes, George Devereux (Mathieu Amalric)

Réalisateur: Arnaud Desplechin | Dans les salles du Québec le 7 février 2014 (Métropole Films Distribution)

Quelques années après son escapade britannique (Esther Kahn), Arnaud Desplechin quitte à nouveau la France pour réaliser un autre film en langue anglaise. Cette fois, son voyage le conduit en Amérique et les premières images ne trompent d’ailleurs pas: il nous plonge presque en plein western. Logiquement, même si nous retrouvons certains des thèmes qu’il affectionne particulièrement (les souffrances de l’âme, l’importance de la famille), il délaisse d’autres aspects de son cinéma (une mise en scène nerveuse, un milieu urbain, de nombreux personnages). Ici, la mise en scène est beaucoup plus ample, apaisée et s’intéresse principalement à deux personnages réunis durant la majeure partie du film dans un hôpital militaire. Pourtant, ce qui intéresse le réalisateur, ce ne sont pas les tensions ou les fêlures, mais au contraire la découverte d’un certain bien-être. La force du film est d’ailleurs de ne pas uniquement s’intéresser à l'épanouissement de Jimmy P., mais également à celui de son psychanaliste. En effet, Devereux n’est pas dépeint uniquement comme le médecin dévoué qui sauve son patient, mais également comme un homme qui va sortir grandi de son expérience et de sa rencontre avec Jimmy P. C’est en effet elle qui va lui permettre de livrer un témoignage important (le livre adapté par Arnaud Desplechin dans le présent film) et d’être reconnu enfin comme psychanalyste.
Plus qu’un film sur la psychanalyse, Jimmy P. est donc avant tout l’histoire d’une rencontre qui aboutit à un rapport gagnant-gagnant entre deux hommes. Arnaud Desplechin parvient à montrer de manière sensible, intelligente et jamais naïve comment une relation franche, respectueuse et amicale peut permettre à chacun de s’épanouir.
Signalons pour conclure que pour y parvenir, il a pu compter sur ses qualités d’écriture et de mise en scène (ici parfaitement adaptée à son sujet, même si elle peut sembler un peu impersonnelle), mais également sur ses deux comédiens, Benicio Del Toro et Mathieu Amalric, qui parviennent à faire naître une belle complicité entre leurs deux personnages, indispensable à la réussite de ce beau Jimmy P.
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