23 mai 2014

Les interdits ***

À la fin des années 70, Carole (Soko) et Jérôme (Jérémie Lippmann) partent à Odessa en se faisant passer pour de jeunes époux en voyage de noce. En réalité, le soir venu, ils rencontrent des refuzniks, ces juifs qui cherchent à quitter l’URSS pour vivre une vie meilleure.

Réalisateurs: Anne Weil et Philippe Kotlarski | Dans les salles du Québec le 23 mai (Les Films Séville)

Pour leur premier film comme réalisateurs, Anne Weil et Philippe Kotlarski n’ont pas choisi la facilité. Ils ont en effet d’une part opté pour la reconstitution historique en situant l’intrigue dans l’URSS de la fin des années 70 (assez peu documentée, les images officielles de l’époque préférant cacher l’envers du décor). D’autre part, ils ont opté pour un scénario aux multiples sujets. L’argument de départ (les visites organisées par des juifs “libres” pour rendre visite aux refuzniks et leur apporter quelques journaux ou livres interdits) est passionnant et bien connu d’Anne Weil, puisqu’elle fit elle-même ce genre de voyage lorsqu’elle avait 18 ans.
Malheureusement, les deux réalisateurs / scénaristes peinent à intégrer les deux autres sujets (la relation sentimentale entre les deux protagonistes et la réflexion sur l’appartenance à la communauté juive), pourtant très intéressants. La double volonté évidente de ne pas insister sur un thème en particulier et d’éviter le didactisme est en soit fort louable, mais le film peine parfois à cibler l’essence de chaque sujet et donne ainsi trop souvent l’impression de survoler ce qui pourrait en faire l’intérêt. Fort heureusement, des qualités compensent cette faiblesse: la mise en scène parvient aussi bien à rendre crédibles les personnages que les lieux dépeints et le sujet principal (les refuznicks et leurs visiteurs étrangers), en plus d’être intéressant, est traité avec une belle sincérité.
Malgré ses points faibles (et ses dernières minutes un peu laborieuses), Les interdits est une belle surprise qui comporte assez de qualités pour convaincre et assez de promesses pour nous donner envie de nous intéresser à la suite de la carrière de ces deux anciens monteurs devenus réalisateurs (Anne Weil et Philippe Kotlarski).
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