14 novembre 2014

Pas son genre ***½

Vu dans le cadre du festival Cinemania 2014

Un professeur de philosophie parisien (Loïc Corbery) est affecté à Arras pour un an. Il y rencontre une jolie coiffeuse (Émilie Dequenne). Ils deviennent amants.

Réalisateur: Lucas Belvaux | Dans les salles du Québec le 14 novembre 2014 (Axia Films)

Le point de départ de Pas son genre est celui d’une comédie romantique classique. La situation (et l’amour à venir) est aussi improbable que dans les films du même genre et le bonheur est partout. Ainsi, le personnage incarné par une excellente Émilie Dequenne est toujours positif, insouciant, débordant de joie de vivre et représente à la fois la mère parfaite, la collègue idéale et l’amie rêvée. Elle n’a pas de problèmes et sa petite vie n’attend qu’une chose pour atteindre la perfection: l’arrivée du Prince Charmant. Il prendra très vite la forme d’un prof de philo parisien muté dans une petite ville du Nord de la France. La suite se fait dans les normes: les deux se rencontrent et s'aiment, chacun s'intéressant à l'univers de l'autre. Le tout est fait avec charme, savoir faire et humour par un Belvaux qui assume pleinement les codes de la comédie romantique, sans toutefois tomber dans certains pièges. Cependant, au fur et à mesure de l’évolution du récit, il s’éloigne de ce qui ressemblait à un univers de cinéma grand public (l’idée que se faisait de la vie le personnage de la jolie coiffeuse), pour s’approcher de plus en plus de la vraie vie. Petit à petit, grâce à un scénario d’une apparente simplicité  intelligemment écrit et dialogué, mais également grâce à deux comédiens très convaincants, le personnage de la coiffeuse comprend que la vie n’est pas un film… en même temps que le professeur de philosophie comprendra que certains sentiments ne se vivent pas comme ils se décrivent dans les livres.
Sous des allures de simplicité extrême, et tout en restant constamment accessible à un très large public, Lucas Belvaux réussit l’exploit de jongler avec les codes d’un genre sans jouer au plus malin, mais au contraire en se montrant avant tout très attentif à ses personnages, qu’il fait passer avec finesse de l’état de caricatures de ce qu’il représentent à des personnes à part entière.
Vif et souvent très drôle, mais surtout de plus en plus beau et grave malgré son apparente insouciance, Pas son genre est une très belle réussite. Une des plus belles signées Lucas Belvaux?
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