13 février 2015

50 Shades of Grey (Cinquante Nuances de Grey) *½

Une jeune étudiante très jolie mais très coincée (Dakota Johnson) remplace au pied levé sa colocataire (Eloise Mumford) pour aller interviewer un jeune et beau milliardaire (Jamie Dornan). Une romance commence sur fond de domination gentiment SM.

Réalisatrice: Sam Taylor-Johnson | Dans les salles du Québec le 13 février 2015 (Universal)

Il est ridicule de comparer un film avec le roman qui l’a inspiré… il s'agit en effet de deux œuvres différentes, créées par deux auteurs différents, et leurs approches respectives d'un même sujet doivent être respectées.
Pourtant, dans le cas de 50 Shades of Grey, la situation est particulière car le livre et le film ressemblent plus à des produits qu’à des œuvres de création. Comme produit dit public cible (dans ce cas précis, la femme en manque de sensation forte), nous avons eu envie de comparer les deux approches mises en oeuvre pour toucher la cible.
Une rapide lecture du livre nous permet de comprendre comment l'auteure a cherché à captiver son public. Elle a opté pour l'identification des lectrices en choisissant une héroïne adulte, qu’elle a cependant pris le soin de faire ressembler à une adolescente en la décrivant comme une vierge naïve et mal dans sa peau qui ne connait pas encore grand chose aux plaisirs de la vie. Ce stratagème permet au public de se replonger dans sa propre adolescence, de s’imaginer rencontrer le Prince Charmant et de vivre des expériences sexuelles excitantes et différentes de celles qu’il connait. Le livre agit donc comme un appel au fantasme, au retour en arrière, à l’imagination d’une vie moins conformiste.
Malheureusement, cet aspect disparaît du film. Non seulement, le côté adolescent du personnage n’est plus présent dans le film (même si la réalisatrice essaie de rendre son héroïne maladroite, la plastique parfaite de Dakota Johnson rend l’entreprise difficile) mais en plus, l’aspect sexuel est complètement édulcoré et la petite excitation que pouvait susciter le livre devient impossible.
Ainsi, le film ressemble à un petit mélodrame sentimental sans intérêt, ponctué de scènes de sexe insipides dignes du mauvais cinéma commercial des années 80.
Mais, dans ces conditions, à qui s'adresse le film?
Pas au public cible du roman puisque les conditions nécessaires à l'identification ne sont pas réunies; pas aux coquins en tous genres (ni aux amateurs d’un érotisme sensuel) puisque le film est sexuellement bien terne; pas aux cinéphiles puisque ses qualités cinématographiques sont très limitées!
Alors à qui?
Aux cinéphilo-masochistes, probablement!
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