17 avril 2015

Unfriended **½

Un soir, un groupe d’amis se connecte sur Skype. Cependant, une autre personne non identifiée, utilisant le compte de leur amie décédée un an plus tôt, se joint à la conversation, accédant sans difficulté à leurs messages privés et comptes personnels sur Facebook… Peu à peu, la panique s’installe, l’invité mystère se révélant de plus en plus inquiétant et dangereux.

Réalisateur : Levan Gabriadze| Dans les salles du Québec le 17 Avril (Universal)

A défaut d’être passionnant, le dernier film de Levan Gabriadze sait se faire captivant. Sa réussite tient moins à son histoire de vengeance aux accents surnaturels pleine de rebondissements qu’au dispositif imaginé par Gabriadze. Raconté entièrement à partir du point de vue subjectif de sa protagoniste en train de regarder son écran d’ordinateur, Unfriended propose une narration d’une fraîcheur inouïe. A l’instar de quelqu’un comme Nacho Vigalondo (le récent Open Windows) ou Mike Figgis (Time Code), Gabriadze apporte sa petite contribution à l’une des questions majeures du cinéma contemporain: comment raconter une histoire et dans quelle mesure peut-on façonner de nouvelles voies dans le domaine de la narration.
Pour donner forme à cette réflexion, le récit du film est transposé en un seul décor, soit un écran d’ordinateur. Converti à la fois en huis clos anxiogène (par son format) et en espace infini (par les possibilités qu’il offre), cet écran devient donc le décor principal de toutes les interactions entre les personnages et de toutes les actions du récit. Tout au long de ses 80 minutes, le film passe frénétiquement d’une page Facebook à une vidéo Youtube ou à une conversation Skype en un simple clic, sans jamais opérer une quelconque coupure dans le plan. Par conséquent, devant l’action sans cesse morcelée sur l’écran le spectateur doit composer son propre montage de ce qu'il est en train de voir, décider par exemple sur quelle fenêtre-vidéo ou page il devra se focaliser. C’est incroyablement efficace, mais si le dispositif fascine dans un premier temps, il révélera peu à peu ses limites… Aussi séduisant et ingénieux puisse-t-il être dans sa forme, Unfriended s’appuie malheureusement sur un scénario faible, surtout répétitif. C’est dommage considérant les questions résolument contemporaines qu’il soulevait (la cyber-intimidation, l’addiction online, les relations à l’heure des réseaux sociaux..), mais peut-être étaient-elles trop sérieuses aux yeux de son producteur pour que le film s’y attarde avec plus de conviction.
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