17 avril 2015

Corbo ***

Dans le Québec de 1966, le jeune Jean Corbo (Anthony Therrien, parfait), québécois francophone de père d’origine italienne, peine à se faire une place dans la société. Petit à petit, il entre en contact avec le FLQ et semble trouver sa voie.

Réalisateur: Mathieu Denis | Dans les salles du Québec le 17 avril 2015 (Séville)

Corbo, plus qu'un film historique sur les agissements du FLQ, est avant tout le portrait d'un jeune homme en manque d'identité. En prenant ce parti, Mathieu Denis éloigne son film d'une approche journalistique (ou au contraire militante) pour se consacrer à une étude de personnage en essayant de comprendre ses actes sans porter sur eux le moindre jugement.
Bien évidemment, l'arrière-plan nous permet de prendre conscience de la réalité sociale de l'époque, mais de manière jamais insistante et toujours pertinente. Le mérite en revient à un scénario globalement bien écrit, qui parvient habillement à concilier le général et le particulier, même si on pourra lui reprocher certaines scènes familiales un peu trop longues et écrites avec une volonté explicative un peu trop évidente. On pourra aussi reprocher à Mathieu Denis la scène de la préparation de la bombe fatale à Jean Corbo, qui peine à être crédible en raison d’une mise en scène qui ne parvient pas à trouver la bonne approche pour rendre plausible le parti pris scénaristique.
Il serait cependant regrettable de se focaliser sur cette scène (pourtant essentielle), tant le reste du travail de mise en scène est réussi. Très classique dans sa forme, mais témoignant d'un sens du rythme exemplaire, la réalisation de Mathieu Denis contribue grandement à la réussite de son film, servi de surcroît par trois jeunes acteurs excellents (Anthony Therrien, Antoine L'Écuyer et Karelle Tremblay), d'une photo irréprochable signée Steve Asselin et d'une musique toujours parfaitement exploitée (Olivier Alary).
Sans être une oeuvre majeure (les quelques défauts mentionnés plus haut lui interdisent de pouvoir revendiquer ce statut), Corbo n'en demeure pas moins un film de qualité, à la fois très accessible et intelligent, réalisé par un cinéaste prometteur (déjà coréalisateur du très intéressant mais beaucoup moins accessible Laurentie).

Lire également notre entrevue avec le réalisateur.  
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