8 mai 2015

Far from the Madding Crowd ***½

À l’époque victorienne, dans la campagne anglaise, Bathsheba Everdeene (Carey Mulligan) hérite de la ferme de son oncle, dont elle compte s’occuper sans l’aide d’un mari. Sa liberté et son indépendance ne sont pas du goût de tous… mais trois prétendants essaient de la faire changer d’avis!

Réalisateur: Thomas Vinterberg | Dans les salles du Québec le 8 mai 2015 (Fox Searchlight)

Les réalisateurs danois sont de véritables caméléons. Après Kristian Levring qui s’attaquait au western il y a peu avec The Salvation, Thomas Vinterberg s’attaque à l’adaptation d’un monument de la littérature anglaise avec Far from the Mading Crowd. Non seulement il tourne ainsi encore plus le dos au Dogme 95, mais il s’engage avec ce film dans une difficile entreprise, l'adaptation d’un roman aussi majeur n’étant jamais aisée.
Nous comprendrons très vite que le résultat donne plusieurs signes de réussite. Le premier, qui saute aux yeux dès les premiers instants, est la magnifique photo 35 mm de Charlotte Bruus Christensen. Après de beaux paysages anglais délicatement photographiés, elle se montre à l'aise de jour comme de nuit, en intérieur comme en extérieur, mais surtout excelle dans la mise en valeur de ses personnages (en sublimant avec la même réussite la détermination de Carey Mulligan et la douceur de Matthias Schoenaerts). Bien évidemment, cette dernière qualité n'aurait pas été possible avec la même force sans le talent de ces deux acteurs, qui livrent des prestations aussi exemplaires que le reste de la distribution. Le scénario solide de David Nicholls et la mise en scène compétente de Thomas Vinterberg finissent de compléter la liste des sources de satisfaction... mais il manque pourtant une fibre romanesque qui aurait permis à cette histoire de prendre la dimension supplémentaire qui lui manque parfois. Peut-être trop admiratif de l'écrivain qu'il adapte, Vinterberg ne parvient jamais vraiment à prendre l'histoire qu'il adapte à son compte et semble plus occupé à observer avec respect les différents protagonistes qu’à leur donner le souffle de vie nécessaire à la concrétisation de leurs passions retenues et de leurs souffrances étouffées.
Si Far from the Madding Crowd ne peut pas rivaliser avec un chef d’oeuvre comme le Tess de Polanski (lui aussi adapté d’Hardy), il n’en demeure pas moins un très bon film truffé de qualités. Il lui manque juste ce petit quelque chose qui distingue les bons films des grands films.
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