22 juillet 2015

Fantasia 2015: Nowhere Girl (Tôkyô Mukokuseki Shôjo) ****

Réalisateur: Mamoru Oshii

Dès les première images de Nowhere Girl, le spectateur est plongé dans un univers complètement irréel qui peut aussi bien fasciner que laisser totalement indifférent, voire profondément agacer!
Pour les spectateurs qui ne seront pas rebutés dès les premiers instants, la musique répétitive jusqu'à l'overdose, l'image trop cotonneuse, le jeu hyper statique des acteurs, les mouvements de caméra fréquents et très lents ou encore quelques visions aux allures de spectres du passé finissent par former un ensemble captivant, mais aussi par rendre touchant l'isolement au milieu de ses congénères d'une jeune femme sous l'effet d'un choc post traumatique. Pourtant, tous les éléments mis en place nous font comprendre très vite que nous n'assistons pas au "niveau réel" mais que nous sommes au contraire dans une sorte de monde cérébral hanté par un souvenir refoulé.
Par la suite, un léger changement des caractéristiques de l'image nous prépare à un autre segment beaucoup plus court mais tout aussi irréel (lui aussi totalement assumé): l'héroïne y devient une sorte de super combattante de jeu vidéo. Cette fois, la mise en scène s'oriente vers l'action et les corps jusque-là très statiques deviennent au contraire la proie d'une chorégraphie trop visiblement réglée pour être plausible et de jets de sangs trop ostensiblement générés par ordinateur pour être crédibles. Il ne s'agit pourtant pas comme on pourrait l'imaginer d'un simple fantasme d'adolescente cherchant à fuir son mal-être, mais d'une véritable catharsis qui permet à la jeune femme de quitter la souffrance d'un état semi comateux pour retourner à la réalité. Mais l'image se fait cette fois trop jaunâtre et l'attitude des protagonistes trop stéréotypée. Un nouveau doute fait alors jour: est-ce vraiment un retour à la réalité? Le "niveau réel" est-il vraiment celui qu'il prétend être?
Mamoru Oshii, en abusant du faux sous différentes formes, continue de brouiller les pistes de manière visuellement magistrale et nous livre au final en film aussi beau que troublant. Cela pourrait être un constat de l'absurdité de la vie... Ou peut-être n'est-ce qu'une question: sommes-nous vraiment? Vaste question que Mamoru Oshii semble affectionner particulièrement (trop?) et dont il se dispense bien évidemment de répondre... À moins que se poser la question soit déjà un début de réponse! 
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