13 novembre 2015

Valley Of Love ****

Critique rédigée dans le cadre du festival Cinemania 2015

Pour respecter la dernière volonté de leur fils qui s'est donné la mort quelques mois plus tôt, deux ex-époux se retrouvent dans la Vallée de la Mort.

Réalisateur: Guillaume Nicloux | Dans les salles du Québec le 13 novembre (Axia)

Valley Of Love, c'est avant tout (du moins a priori) la réunion de deux monuments du cinéma français: Depardieu et Huppert, qui interprètent Gérard et Isabelle, deux acteurs qui ne se sont pas vus depuis longtemps. Au delà de la similitude avec la réalité, ils incarnent surtout un couple séparé qui se retrouve dans des conditions mystérieuses suite au suicide de leur fils. Le film n'est d'ailleurs en apparence pas grand chose d'autre que cela: un homme et une femme, dans un désert trop chaud pour être supportable (ou dans une voiture, une chambre d'hôtel, ou une salle de restaurant...), qui attendent un événement improbable en essayant de communiquer à nouveau tout en faisant le bilan de leur vie.
Le résultat aurait pu être aussi prétentieux que terriblement ennuyeux, mais Guillaume Nicloux (dont nous avons vu il y a peu le très réussi L'enlèvement de Michel Houellebecq) trouve l'approche parfaite. Non seulement la seule présence à l'écran de ces deux monstres sacrés (impeccables... ce qui n'est plus toujours le cas) est fascinante, mais surtout, Nicloux opte pour un savant dosage des différentes composantes de son film: une lenteur assumé, un ennui palpable (mais jamais ennuyeux pour le spectateur), des micro touches d'humour et une aura de mystère qui finit par envahir le film. Progressivement, malgré un traitement visuel volontairement très proche de la banalité de l'expérience touristique, il parvient ainsi à nous donner l'impression que tout est possible dans une Vallée de la Mort qui prend de plus en plus des allures de vallée des morts.
Guillaume Nicloux réussit ainsi une oeuvre qui fascine jusqu'à nous hanter. Il le fait avec tant de force qu'il pousse le spectateur, une fois le film terminé, à se nourrir des balises semées durant 1h30 pour se plonger dans sa propre vie.
En plus d'être une proposition cinématographico-introspective fascinante, Valley of Love se paie même le luxe de terminer sur une scène à son image: d'une beauté qui n'a d'égal que sa simplicité apparente. La grande classe!
L'avis de la rédaction :

Jean-Marie Lanlo: ****
Sami Gnaba: ***
Martin Gignac: ***
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