18 décembre 2015

Youth ***½

Mick Boyle (Harvey Keitel) et Fred Ballinger (Michael Caine) sont deux septuagénaires en villégiature dans un hôtel de luxe des Alpes suisses. Le premier est un cinéaste encore actif. Le second est un chef d’orchestre à la retraite. Les deux sont confrontés au temps qui passe.

Réalisateur: Paolo Sorrentino | Dans les salles du Québec le 18 décembre 2015 (20th Century Fox)

Avec son dernier film, Paolo Sorrentino nous entraîne dans un hôtel de luxe situé dans un environnement magnifique. Les superbes images signées Luca Bigazzi restituent parfaitement la beauté de l'ensemble, mais possèdent également suffisamment de délicatesse pour traduire une certaine mélancolie (sentiment rehaussé par un usage très réussi de la musique).
Durant tout le film, Paolo Sorrentino s'évertuera à agir de la même manière avec ses personnages. Il cherchera ainsi par petite touches, à travers ses deux protagonistes principaux (superbes Harvey Keitel et Michael Caine) mais également ses personnages secondaires, à voir les différentes facettes de chacun, à observer l’effet du temps qui passe ainsi que l’opposition entre le personnage projeté et le personnage intime. Cette observation manque parfois un peu de finesse, mais la multitude de personnages permet une multiplication des points de vue qui apporte une certaine complexité à la simplicité apparente du constat, tout en offrant quelques belles idées (un Maradona pachydermique jonglant gracieusement avec une balle de tennis par exemple).
Au final, si Youth est une oeuvre moins magistrale que La Grande Bellezza, elle n’en demeure pas moins un film beau et touchant sur les êtres, leurs vies, leurs espoirs déçus et leurs non-dits.
Boudé par le jury cannois (et une grande partie de la critique), le film a récemment été triplement récompensé à l’occasion des Prix du cinéma européen (dont meilleur film et meilleur réalisateur). Nous en sommes ravis pour lui!
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