27 janvier 2017

La tortue rouge ****

Texte rédigé dans le cadre du FNC 2016

Un naufragé se retrouve seul sur une île du bout du monde, jusqu'au jour où...

Réalisateur: Michael Dudok de Wit | Dans les salles du Québec le 27 janvier 2017 (AZ Films)

Un réalisateur néerlandais (Michael Dudok de Wit, déjà nommé plusieurs fois aux Oscars dans la catégorie Meilleur court métrage d'animation), un studio japonais presque mythique (Ghibli), une adaptatrice de luxe (Pascale Ferran) et un « producteur artistique » prestigieux (Isao Takahata, le réalisateur du Tombeau des lucioles): cette somme de grands noms et cette association inédite de Ghibli avec une production française avait de quoi faire peur! Pourtant, elle nous offre au final un résultat exemplaire, une de ces petites pépites du cinéma d'animation digne des récents et tout aussi excellents Le garçon et le monde ou Song of the Sea.
Le point de départ est d'une simplicité confondante (un homme échoue sur une île déserte et se retrouve seul) malgré une approche extrêmement ambitieuse (à travers cette parabole, ce sont bien les différentes étapes de la vie d'un homme que nous raconte La tortue rouge). Certes, le parti pris pourrait agacer les pourfendeurs des valeurs familiales que l'on pourrait trouver archaïques (l'homme se retrouve seul, forme un couple, a un enfant et le laisse partir à son tour avant de se retrouver seul avec son épouse une fois son devoir de père accompli!). Ne les écoutons pas... La tortue rouge est un conte qui cherche à tirer de la simplicité d'une situation des enseignements sur la vie, le tout en s'appuyant sur des éléments fantastiques liés au pouvoir de la nature qui ne déstabilisera pas les amateurs d'animation japonaise (et des studios Ghibli en particulier). Le moins que l'on puisse dire est qu'il s’acquitte de sa tâche avec force.
La qualité de l'exécution n'est pas pour rien dans cette réussite. La tortue rouge allie en effet simplicité apparente et poésie envoûtante, animation d'une grande sobriété, graphisme sublime (l'association de la ligne claire pour les éléments principaux et du fusain délicieusement granuleux pour les décors est particulièrement convaincante) et musique venant renforcer les émotions avec une telle justesse qu'elle rend tout dialogue inutile. Au final, toutes ces composantes sont si parfaitement dosées qu'il en ressort une force et une pureté rares... un regard sur la vie qui pourrait sembler naïf et simpliste s'il n'était pas aussi bouleversant!
À n'en pas douter, ce premier long-métrage récompensé à Cannes par le Prix spécial du jury Un certain regard est tout simplement en des plus beaux films de cette année!
L'avis de la rédaction :

Jean-Marie Lanlo: ****
Miryam Charles: ***
Martin Gignac: ****½
Olivier Bouchard: ***
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