9 décembre 2016

La fille inconnue ***½

Texte écrit dans le cadre du festival Cinemania 2016

Jenny, une jeune médecin généraliste (Adèle Haenel) culpabilise de ne pas avoir ouvert la porte de son cabinet à une jeune femme retrouvée morte quelques heures plus tard. Elle fera tout pour retrouver l'identité de la jeune femme afin qu'elle ne soit pas enterrée anonymement!

Réalisateurs: Luc et Jean-Pierre Dardenne | Dans les salles du Québec le 9 décembre 2016 (AZ Films)

Après Cécile de France et Marion Cotillard, c’est maintenant au tour d’Adèle Haenel de venir peupler l’univers cinématographique des frères Dardenne. Comme souvent chez eux, le scénario est une quête qui comporte une part de suspense et qui se situe dans les milieux défavorisés… mais ici, le personnage vient d’ailleurs. L'héroïne se retrouve en effet immergée dans ce milieu par choix (doctoresse effectuant un remplacement, elle abandonne finalement une opportunité professionnelle pour rester au service d’une population pauvre), suite à un événement qui va la toucher malgré la carapace qu’elle a su se construire pour exercer au mieux (?) son métier.
La grande force du film est bien évidemment ce cheminement intime et non le pseudo suspense assez convenu et souvent narrativement laborieux qui sert de fil conducteur au film. Le sens de l’écoute, de l’engagement auprès des plus fragiles, mais aussi le rôle que peut jouer au quotidien une petite doctoresse de quartier pauvre (et qui va bien au-delà de sa fonction purement médicale) est incarné avec force par une Adèle Haenel qui fait tenir tout le film sur ses épaules. Même lorsque les dérives scénaristiques dardenniennes menacent d'entraîner le film au naufrage, l’actrice lui permet de rester à flot. Qu’elle intervienne (tour à tour avec autorité ou inquiétude) ou qu’elle écoute, elle ne prend jamais toute la place et permet presque par sa seule présence à l’autre d’exister, de se révéler. Une telle fusion entre une actrice et son personnage est fascinante.
Elle est en grande partie responsable de la réussite de La fille inconnue, qui parvient à nous toucher peu à peu, malgré toutes les faiblesses d’un scénario qu’on pourrait facilement trouver simpliste s’il n’était porté par une actrice aussi magnifique… et par deux frères belges qui ont su à merveille capter toute la force tranquille et inquiète qu’elle insuffle à son beau personnage.
L'avis de la rédaction :

Jean-Marie Lanlo: ***½
Martin Gignac: ****
7 Olivier Maltais: ***½
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