Icare, dit Courgette, vit seul avec sa mère alcoolique jusqu’au jour où elle est victime d’un accident fatal. Le jeune garçon est alors placé dans un centre avec d’autres enfants, eux aussi séparés de leurs parents.
On peut parler au jeune public de la vie en lui vendant des princesses, de beaux chevaliers et des enfants heureux à condition de bien obéir à des parents exemplaires… et s’attendre à ce qu’ils se prennent la réalité en pleine face par la suite. On peut aussi voir les choses à l’envers: La vie n’est pas facile… mais en s’entourant bien, avec une belle dose de chance, il est éventuellement possible de la rendre meilleure.
C’est l’angle choisi par Claude Barras, qui n’a pas non plus peur de prendre à l’envers le 5e commandement divin. Comment en effet honorer son père et sa mère lorsqu’ils se comportent de manière indigne et laissent leurs enfants à l'abandon! Heureusement pour eux, les jeunes héros du film trouvent ensemble la force d’affronter cette vie anormale, c’est-à-dire vécue loin de leur famille biologique. Ensemble, ils deviendront un groupe soudé et seront prêts à s’entraider et à apprécier les petits riens réjouissants que la vie leur offre. Barras ne sombre toutefois pas dans l’angélisme et ne nie pas que la vie possède un caractère aléatoire qui la rend plus clémente pour certains, mais il parvient surtout à démontrer avec une simplicité confondante qu’il est toutefois possible de la rendre un peu plus supportable malgré sa profonde injustice.
Un tel message pour un film qui s’adresse aux 9 ans et plus (disons… jusqu’à 99 ans) a de quoi surprendre. La facilité avec laquelle Barras parvient à donner vie à ses personnages l’est tout autant. En moins de 66 minutes, il rend crédible une demi-douzaine de protagonistes et leur confère un passé, des doutes, des espoirs, c’est-à-dire une existence. Il s’appuie pour cela sur le charme de l’animation, sur la reconstitution aussi irréelle que juste de la vie, sur de beaux moments d’énergie ou de poésie… mais aussi sur une écriture aussi épurée que précise dans sa définition des personnages (merci à Céline Sciamma, scénariste pour l’occasion).
Au final, cette nouvelle grande réussite du cinéma d’animation (à quelques mois de la sortie de La tortue rouge) nous rappelle que cette forme d’expression cinématographique est du cinéma à part entière, et qu’elle mérite à ce titre la même attention que des films faits avec des acteurs de chair et de sang.
Elle nous laisse également le cœur rempli d’espoir face à une vie qui n’est pas toujours rose.
L'avis de la rédaction :
Jean-Marie Lanlo: ****
Miryam Charles: ***½
Martin Gignac: ***½
Olivier Bouchard: ****
Pascal Grenier: ***
Olivier Maltais: ***