Christian, conservateur d’un musée d’art contemporain, semble moralement irréprochable… du moins en théorie. Le restera-t-il après le vol de son portefeuille?
Réalisateur: Ruben Östlund | Dans les salles du Québec le 24 novembre 2017 (EyeSteelFilm)
The Square ne restera pas dans les mémoires comme la meilleure Palme d'or de l’histoire du festival. Il ne sera pas non plus la pire, car le film de Ruben Östlund possède de réelles qualités. Il est en effet bien plus qu’une critique du milieu de l’art contemporain, et parvient par ce biais à porter un regard critique sur l’ensemble de notre société, rongée par l’individualisme et le repli sur soi. Il parvient d’ailleurs assez justement à décrire l’engrenage inextricable qui pousse de plus en plus à la peur de l’autre (chaque acte condamnable est engendré par un acte condamnable commis par une autre personne).
Malheureusement, la volonté d’expliquer sa thèse en multipliant les exemples pousse Östlund à imaginer un film trop démonstratif, ou chaque scène n’est qu’une variation pas toujours très subtile sur le même thème, ce qui finit aussi bien par nuire à la définition du personnage principal (qui possède un potentiel malheureusement jamais totalement exploité) et à la cohérence de l’ensemble (qui ressemble parfois à une suite de sketchs). Le film manque alors de liant, ce qui accentue les différences entre les séquences très fortes (il y en a beaucoup) et plus faibles (il y en a aussi), causant ainsi des problèmes de rythmes particulièrement néfastes à un film dont la durée excède 140 minutes!
Malgré nos reproches et quelques longueurs, nous conseillons toutefois fortement le visionnement de The Square, ne serait-ce que pour cette séquence dans laquelle un performeur joue au singe. D’une grande force, mais se concluant de manière insatisfaisante, elle est à l’image de ce film parfois brillant… mais trop imparfait sur la durée pour convaincre totalement!
L'avis de la rédaction :
Jean-Marie Lanlo: ***
Myriam Charles: ***½
Martin Gignac: ***½