20 avril 2018

★★★ | You Were Never Really Here

Réalisé par Lynne Ramsay | Dans les salles du Québec le 20 avril 2018 (Entract)
Lorsque la fille d’un sénateur disparaît, un ancien marine devenu tueur à gages est engagé pour la retrouver. Son enquête le conduit vers un réseau de prostitution. S’ensuit une spirale de violence.

***

Six ans après son magistral We Need to Talk about Kevin, l’Écossaise Lynne Ramsay revient avec une nouvelle œuvre forte et envoûtante mais moins maîtrisé. Présenté à Cannes l’an dernier (prix du scénario et prix d’interprétation masculine pour Joaquin Phoenix), ce quatrième long-métrage de la réalisatrice est une adaptation du roman éponyme de l’écrivain américain Jonathan Ames. Comme dans ses œuvres précédentes, Ramsay confirme son attrait pour les ambiances glauques où des personnages torturés et désespérés nagent en eaux troubles.
En tueur à gages (et antihéros) tourmentés, l’excellent Joaquin Phoenix offre une autre performance époustouflante qui conjugue avec nuance toute l’intensité et l’intériorité de son personnage. Il est, de loin, la principale raison de voir ce film dont l’action repose sur ses épaules et son charisme.
En revanche, la réalisation très stylisée et esthétique de Ramsay (ambiance poisseuse, découpage en coupe sautée et montage parfois brusque) n’est pas toujours au diapason avec l’action et la signature d’un cinéma de genre abordé pour la première fois par la cinéaste. À force de trop vouloir imiter (à sa façon) le Taxi Driver de Scorsese (qu’elle déconstruit à l’inverse) ou encore les films de vengeance coréenne de ce nouveau millénaire (comme le célèbre Old Boy de Park Chan-wook et son anthologique séquence de brutalité avec un marteau), You Were Never Really Here souffre en (bonne) partie de ses nombreux emprunts. Il manque aussi cette intensité viscérale dans sa présentation graphique de la violence associée à ce type de cinéma, de telle sorte qu’en fin de compte, le résultat ne dépasse jamais l'exercice de style. Par conséquent, la puissance dramatique n’est jamais aussi poignante ou captivante que l’aurait sans doute voulue la cinéaste.
L'avis de la rédaction :

Pascal Grenier: ***
Jean-Marie Lanlo: ***
Martin Gignac: ****
Ambre Sachet: **½
SHARE