Réalisé par Yan Giroux | Dans les salles du Québec le 23 novembre 2018 (Les films Séville) |
À tous ceux qui ne me lisent pas est une réflexion lucide à la fois douce et amère sur les méandres de la vie d’artiste. Dans le cas présent, le film explore la période qui a mené à la création du recueil de poésie d’Yves Boisvert ; Les Chaouins. Tel un poète ambulant (interprété avec brio par Martin Dubreuil), le personnage principal semble en constante confrontation avec le monde qui l’entoure. Son désir de création consume tout autour de lui. C’est ce désir de créer sans compromis qui se transpose dans ce premier long-métrage de Yan Giroux: il signe une œuvre quasi calquée sur le caractère bouillant et imprévisible de son protagoniste.
On rit, on grince des dents, on soupire par moments puis bien souvent, on est touché au cœur. Avec une certaine sensibilité, le film propose un questionnement nécessaire sur le rôle, la place ainsi que la définition de l’artiste dans la société québécoise. S’il faut souligner l’interprétation de Martin Dubreuil, on ne pourrait passer sous silence le reste de la distribution (Céline Bonnier, Jacques L’Heureux, Henri Picard, Marie-Ève Perron) qui offre également nuances et profondeurs à chacun de leurs personnages. Visuellement, les images signées par Ian Lagarde insufflent une touche poétique à l’ensemble du film.
En s’éloignant de la proposition biographique classique, le film se permet d’explorer une avenue plus expérimentale (liée à l’un des personnages du film). Cette rupture de ton pourra déstabiliser le spectateur tout en renforçant le propos artistique du réalisateur (une ode à l’art hors des normes établies). À tous ceux qui n’ont jamais lu l’œuvre d’Yves Boisvert, le film de Giroux ouvre une fenêtre d’une étrange beauté sur le parcours atypique d’un poète malheureusement disparu.