18 septembre 2020

★★★ | Nadia, butterfly

Réalisation: Pascal Plante | Dans les salles du Québec le 18 septembre 2020 (Maison 4:3) 

Après avoir connu le bonheur frustrant d’une sélection virtuelle au festival de Cannes qui ne s’est pas tenu, Nadia, butterfly arrive sur nos écrans québécois.
Pascal Plante, cinéaste et ancien nageur, commence fort en faisant se côtoyer ses deux passions de belle manière! Ses actrices principales étant des nageuses de haut niveau (deux d’entre elles ont remporté une médaille olympique par le passé), elles peuvent lui donner le meilleur. Plante étant de surcroît un cinéaste particulièrement doué pour filmer les êtres et les petits riens qui les unissent, le tout début du film, qui projette le spectateur aux côtés des nageuses en finales d’un relais des JO de Tokyo 2020 (eh oui!), est une réussite.
Nous serons plus réservés pour la suite, Plante faisant toujours aussi bien ce qu’il sait faire (filmer les relations interpersonnelles), mais se heurtant aux petites faiblesses de son écriture. Lorsqu’il observe ses personnages déambuler, s’entraîner, prendre du bon temps (en d’autres termes, lorsqu’il s’exprime avec sa caméra), le résultat est là. Nous ne le répéterons jamais assez: Plante sait filmer les gens. Il s’intéresse à ses personnages, sait les laisser interagir... et il sait surtout restituer ces petits moments de vie. (À ce titre, nous conseillons le visionnement du court métrage Blonde aux yeux bleus, qui est peut-être à ce jour son meilleur film). Par contre, lorsqu’il aborde des enjeux dramatiques (ici, les doutes sur une possible retraite du haut niveau) et qu’il doit passer par des dialogues, le résultat est beaucoup moins convaincant. La présence de la nageuse Katerine Savard dans le rôle-titre n’aide pas. Certes, ce choix reste pertinent (son expérience de nageuse apporte beaucoup au rôle), mais elle se retrouve confrontée à certaines contraintes imposées par un personnage qui intériorise beaucoup ses émotions. Nous voyons alors régulièrement ses limites de comédienne (ce que nous ne pouvons pas lui reprocher, car elle n’est tout simplement pas comédienne !). Plus chanceuse, Ariane Mainville (elle aussi nageuse de haut niveau), incarne un personnage beaucoup plus extraverti, rôle dans lequel elle semble particulièrement à l’aise. Filmée par la caméra attentive et délicate de Plante, elle vient régulièrement servir de béquille au film tout en donnant indirectement une épaisseur au personnage interprété par Savard. Elle est d'ailleurs probablement la meilleure idée du scénariste Plante. Elle est le ciment qui permet au film de tenir debout malgré ses quelques faiblesses... et qui permet à ses qualités de prendre le dessus!
À voir donc... en attendant le prochain film de Pascal Plante, que l’on espère encore meilleur!
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