20 novembre 2020

★★½ | Été 85

Réalisation: François Ozon | Disponible au Québec en cinéma virtuel à partir du 20 novembre 2020 (Axia Films
Film présenté au Québec dans le cadre du festival Cinemania 2020.

François Ozon tourne beaucoup. Environ un film par an. Sur le lot, certains sont très maîtrisés (dont les récents et excellents Franz et Grâce à Dieu). D’autres sont très surévalués et appartiennent aux sélections cannoises sans que l’on comprenne vraiment ce qu’ils font là. C’était le cas pour Jeune et Jolie. C’est également le cas pour Été 85.
Bien évidemment, Ozon a du talent et son film n’est pas dénué de qualités. Le cinéaste aime visiblement filmer ses personnages et les voir déambuler. Il sait aussi nous faire ressentir ce qu’il y a entre les êtres — il s’agit principalement d’un couple de jeunes hommes trop différents, mais aussi d’une mère qui vit le deuil de son mari à sa façon (un des meilleurs rôles de Valeria Bruni Tedeschi) et d’une jeune Anglaise qui met le feu aux poudres malgré elle.
Ajoutons aux réjouissances l’aspect film-synthèse, qui n’est pas sans charme (Été 85 semble en effet composé d’une somme d’éléments que l’on retrouve dans les films passés du cinéaste).
Et pourtant le film ne convainc pas totalement. Peut-être justement parce qu’il n’accorde pas assez de place à ce qu’il fait si bien (observer la montée du désir avant son délitement, imparable conséquence d’un amour entre un jeune homme trop sûr de lui et d’un autre qui ne l’est pas assez). Il préfère se focaliser sur un double suspense amorcé d’emblée (nous savons tout de suite que le jeune héros a commis un acte répréhensible... mais lequel? et que son amant est mort... mais comment?). L’anecdote (l’intrigue) prend le dessus sur le vrai sujet (l’évolution d’une relation entre deux amants), et le film prend l’eau comme un vieux voilier sous un orage normand, une journée d’été 85. Mais heureusement, en ces temps-là, la musique pouvait être bonne, et Ozon nous le rappelle avec une succession de choix musicaux qui nous ferait presque oublier les défauts du film. Presque !
Nostalgie, quand tu nous tiens!
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