4 juin 2021

★★½ | Souterrain

Réalisation: Sophie Dupuis | Dans les salles du Québec le 4 juin 2021 (Axia)

Nous avions beaucoup aimé Chien de garde. Avec son premier long métrage, Sophie Dupuis affirmait son amour pour le cinéma de genre et osait sortir des sentiers battus. Avec Souterrain, nous retrouvons cet amour pour le cinéma de genre (la dernière partie est une sorte de suspense minier) et cette envie de proposer autre chose (la vie et le travail des mineurs). Malheureusement, elle le fait ici avec beaucoup moins de réussite.
Certes, la cinéaste a du talent lorsqu’elle filme ce qui semble l’intéresser le plus (le rapprochement avec le cinéma de genre). Malheureusement, la majeure partie du film est constituée d’une mise en place laborieuse, qui semble rechercher en vain les petits moments de vie du quotidien, tout en abordant de manière maladroite de grands et graves sujets (le handicap et l’isolement qu’il provoque, les dangers de l’alcool au volant, les difficultés des rapports père-fils, la fausse couche et le traumatisme qu’elle représente, l’adoption et son refus de la part d’un “vrai” mâle (et donc, la paternité biologique vue comme indispensable à l’affirmation de sa virilité), etc.) Voilà donc beaucoup de sujets importants, dont certains ne sont pas souvent traités au cinéma. Malheureusement, ils sont si nombreux qu’aucun n’est ici vraiment abordé de front. On pourrait voir cela comme une volonté de subtilité, de distiller des sujets de société pour éveiller les consciences et laisser le spectateur y réfléchir selon son bon vouloir, mais ce n’est pas le cas non plus. Aussi bien en raison des maladresses d’écriture que des maladresses dans la direction d’acteur, on a le sentiment permanent que Dupuis  recherche plus l'effet que la vérité. Le film donne ainsi l’impression d’être composé d’une heure destinée à rassurer les investisseurs (on parle de vrais gens, avec de vrai problème, et qu’importe si on le fait à la va-vite) et d’une demi-heure enfin réussie (le drame de la mine, qui permet à Dupuis d’être dans un univers qui semble plus lui correspondre).
Nous conseillerons toutefois timidement de visionner Souterrain car il faut soutenir notre cinéma québécois en cette période difficile et car Sophie Dupuis nous rappelle in extremis qu’elle a du talent... mais nous ne pouvons que nous demander si les dithyrambes entendus ou lus ici et là ne sont pas un peu excessifs.
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