17 juin 2022

★★★ | Arsenault & Fils

Réalisation : Rafaël Ouellet | Dans les salles du Québec le 17 juin 2022 (Sphère Films)
Après plusieurs années d'absence au cinéma et une incursion peu convaincante dans un univers urbain (Gurov & Anna, 2015), Rafaël Ouellet nous revient avec un cinéma ancré en région, ce qui est plutôt une bonne chose. Alors bien évidemment, les fines bouches pourront regretter le Ouellet des débuts, plus radical, mais nous devons quand même avouer avoir été agréablement surpris par un film qui ne cache pas son intention d'aller vers un plus fort potentiel commercial, agrémenté pour l'occasion de touches de cinéma de genre… touches qui se font d'ailleurs de plus en plus prégnantes. Car si le film commence comme un drame régional, avec observation minutieuse de la vie des petites villes où tout le monde connaît tout le monde, il glisse de plus en plus ouvertement vers un sous-genre du polar que nous ne nommerons pas pour préserver le mystère. Au-delà des qualités évidentes d'emblée (un sens de l'observation, un amour pour ses acteurs et ses personnages, un sens du dialogue, une subtilité dans la mise en scène qui lui permet de dépasser la facture télévisuelle que l'on peut craindre un temps), c'est d'ailleurs ce glissement vers le cinéma de genre qui représente la plus belle surprise. On sait que la volonté de flirter avec le polar n'est pas toujours une réussite dans le cinéma québécois, mais ici Ouellet remplit son objectif et parvient à parler d'un sujet peu abordé (le braconnage), à livrer un beau portrait de groupe (la famille dans toute sa complexité), à jouer les fins observateurs de la vie d'une petite ville… tout en offrant un divertissement accessible au plus grand nombre, avec tout ce qu'il faut pour bien maintenir le spectateur en alerte!
Alors oui, avec les fines bouches, nous regretterons peut-être un peu le Ouellet d'antan… mais ce regret sera vite compensé par une autre évidence en forme d'interrogation: Et si, justement, c'était ce genre de cinéma, à la fois potentiellement populaire mais également intelligemment et rigoureusement exécuté, qui était encore trop rare dans la cinématographie québécoise actuelle?
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