29 juillet 2022

★★★¼ | Maigret

Réalisation: Patrice Leconte | Dans les salles du Québec le 29 juillet (Axa)
Avec cette adaptation d’un roman de Simenon, Patrice Leconte a probablement eu une des meilleures idées de sa carrière : confier le rôle du célèbre policier au monstre Depardieu. On le sait, l'acteur a de plus en plus souvent tendance à réduire son jeu à une caricature grotesque de lui-même… sauf lorsqu'il est motivé (ce qui arrive encore fort heureusement, comme chez Nicloux notamment). À l’évidence, le projet Maigret le motivait. Ici, il épure son jeu au maximum de tous ses habituels excès. Au contraire, il incarne un Maigret tout en souffrance sourde. À chaque instant, il rend poignant le chagrin refoulé d'un homme en lutte contre le poids d'un deuil familial autant que contre la bassesse des Hommes. Avec la détermination d’un père, son personnage cherche à élucider la mort d'une jeune femme. Cette figure du père, omniprésente (le souvenir de sa propre fille décédée, la sincère tendresse qu’il éprouve pour ces jeunes femmes égarées, la protection qu'il offre à la jeune femme qui l'aide à résoudre l’affaire) est d'ailleurs plus importante que le dénouement de l’intrigue policière.
Mais bien évidemment, le talent (retrouvé) du monstre Depardieu n’est pas à lui seul à l’origine de la réussite du film. Le chef d’orchestre Leconte a l'intelligence d'opter pour une mise en scène discrète, tout en retenue, d'un classicisme qui convient bien à l'époque à laquelle se déroule l’intrigue, mais surtout qui laisse toute la place à l'interprétation exceptionnelle de l'acteur. Jamais non plus la reconstitution historique ou la photographie, pourtant très soignées, ne viennent trop attirer l’attention du spectateur ! Ce qui compte, c’est la souffrance d’un homme devant la folie et l’injustice de cette vie qui pèse une tonne, cette vie difficile à porter sur ses épaules, même lorsque celles si appartiennent à une force de la nature, qui ici semble pourtant aussi fragile qu’un animal blessé !
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